Laëtitia Knopik  Blog diététique-nutrition  Quel intérêt de la vitamine B1 en micronutriton ?

Quel intérêt de la vitamine B1 en micronutriton ?

La vitamine B1, également connue sous le nom de thiamine, est un nutriment essentiel jouant un rôle clé dans divers processus biologiques. Sa carence peut provoquer des troubles graves, tandis que sa consommation adéquate peut offrir de nombreux bienfaits pour la santé. Dans l’article qui suit, explorons ensemble l’importance de la vitamine B1 en micronutrition, ses bienfaits et les sources alimentaires pour en assurer un apport suffisant.

Qu’est-ce que la vitamine B1 ? La petite définition

La vitamine B1, ou thiamine, est une vitamine hydrosoluble, essentielle au bon fonctionnement du métabolisme énergétique. Contrairement à certaines autres vitamines, elle n’est pas stockée en quantités significatives dans l’organisme et doit donc être consommée régulièrement par le biais de l’alimentation. La thiamine joue un rôle important dans la conversion des glucides en énergie et est impliquée dans la transmission de l’influx nerveux.

Avant d’aller plus loin : la petite histoire de la découverte de la vitamine B1

La thiamine, ou vitamine B1, montre bien comment une carence spécifique peut exister malgré un apport énergétique suffisant.

Observations de Kanehiro Takaki

Kanehiro Takaki, médecin de la flotte impériale japonaise, remarqua que les officiers japonais qui avaient une alimentation diversifiée avec de la viande et des légumes, en plus du riz, ne souffraient pas de béribéri, contrairement aux marins. En 1883, une épidémie de béribéri chez des marins ayant consommé du riz raffiné poussa Takaki à suspecter une cause alimentaire. Ses idées furent reconnues après la guerre russo-japonaise, ce qui lui valut d’être anobli.

Travaux de Christian Eijkman

Christian Eijkman, médecin hollandais aux Indes Hollandaises, chercha à comprendre le béribéri. Initialement convaincu qu’il s’agissait d’une maladie infectieuse, il observa que les poulets nourris au riz poli développaient une maladie similaire au béribéri humain, qui disparaissait lorsqu’ils étaient nourris avec du riz non poli. Eijkman conclut que le riz non poli contenait un facteur protecteur contre le béribéri. Son assistant, Gerit Grijns, identifia le problème comme une carence en une substance naturelle présente dans certains aliments, absente dans le riz poli, une découverte cruciale pour l’identification des vitamines.

Découverte des acides aminés essentiels et du glutathion

En 1906, le biochimiste anglais Frederik Hopkins découvrit les acides aminés essentiels et le glutathion en cherchant les « facteurs accessoires » dans les aliments. Ses travaux furent importants et lui valurent de partager le prix Nobel de médecine avec C. Eijkman en 1929 pour leurs recherches sur les vitamines. Les travaux de Hopkins poursuivaient ceux de Cornelius Pekaharing, qui montra que le lait contient des substances vitales malgré leur négligeable apport énergétique.

Isolement de la vitamine B1

En 1911, Casimir Funk, chimiste polonais, réussit à isoler quelques milligrammes de vitamine B1 à partir de 100 kg de riz entier, permettant de guérir des oiseaux atteints de béribéri après avoir été nourris avec du riz poli. Funk eut un parcours international notable, étudiant à Genève, Berne, Paris et Berlin, et développa une théorie sur les aliments influençant la croissance tumorale. En 1910, travaillant au Lister Institute de Londres, il identifia la substance manquante dans le riz poli. Après plusieurs manipulations, il isola une fraction B qui guérissait les troubles neurologiques du béribéri chez les pigeons, nommant cette substance « vitamine ». Il désigna cette substance comme vitamine B1, introduisant une nomenclature durable. Bien que le Lister Institute ne lui permit pas d’utiliser le terme « vitamine » dans sa publication initiale, ce terme fut accepté l’année suivante, et en 1922, Funk publia un ouvrage détaillant sa découverte.

( source: l’épopée de la découverte des vitamines-  J.L. schlienger, L.monnier- Médecine des maladies métaboliques-décembre 2011)

Le rôle essentiel de la thiamine

La thiamine est transformée en coenzyme thiamine pyrophosphate (TPP) dans le corps, ce qui est vital pour plusieurs réactions enzymatiques. Elle est indispensable dans le cycle de Krebs, une série de réactions chimiques utilisées par toutes les cellules aérobies pour générer de l’énergie. De plus, elle participe à la synthèse de l’acétylcholine, un neurotransmetteur essentiel pour le système nerveux.

Les symptômes de la carence en vitamine B1

Une carence en thiamine peut entraîner une série de problèmes de santé, y compris le béribéri et l’encéphalopathie de Wernicke-Korsakoff. Le béribéri se manifeste sous deux formes : le béribéri sec, affectant principalement le système nerveux, et le béribéri humide, qui touche le cœur et le système circulatoire. Les symptômes peuvent inclure de la fatigue, une perte d’appétit, des douleurs musculaires et des troubles cognitifs. Les personnes les plus à risque de carence sont celles ayant une alimentation déséquilibrée, les personnes âgées, les alcooliques chroniques et celles souffrant de troubles d’absorption.

Quels apports nutritionnels journaliers en vitamine B1 ?

Les apports nutritionnels en vitamine B1 varient en fonction de l’âge, du sexe et de l’état physiologique de la personne. En effet, les besoins sont accrus lors de la grossesse, de l’allaitement ou lors d’activités physiques intenses. L’organisme possède un stock limité de thiamine, principalement localisé dans le foie, le cœur, les reins et les muscles. L’absorption de la thiamine étant relativement faible, il est essentiel de veiller à un apport quotidien adéquat. La vitamine B1 joue un rôle essentiel dans le métabolisme des glucides, ce qui rend les besoins dépendants de l’apport énergétique. Les recommandations d’apports en thiamine sont exprimées en mg par jour et en mg par mégajoule (mg/MJ) d’énergie consommée (Demandez des précisions à votre professionnel de santé puisqu’il s’agit de toujours personnaliser les plans alimentaires) :

Catégories d’individus  Apport recommandé théorique
Nourrissons de moins de 6 mois 0,2 mg / jour (Apport Satisfaisant)
Nourrissons de 6 mois et plus 0,3 mg / jour (Apport Satisfaisant)
Enfants de 1 à 3 ans 0,4 mg / jour ou 0,1 mg/MJ
Enfants de 4 à 6 ans 0,6 mg / jour ou 0,1 mg/MJ
Enfants de 7 à 9 ans 0,8 mg / jour ou 0,1 mg/MJ
Enfants de 10 à 12 ans 1,0 mg / jour ou 0,1 mg/MJ
Adolescents de 13 à 15 ans 1,3 mg / jour ou 0,1 mg/MJ
Adolescentes de 13 à 15 ans 1,1 mg / jour ou 0,1 mg/MJ
Adolescents de 16 à 19 ans 1,3 mg / jour ou 0,1 mg/MJ
Adolescentes de 16 à 19 ans 1,1 mg / jour ou 0,1 mg/MJ
Hommes adultes de 20 à 75 ans 1,3 mg / jour ou 0,1 mg/MJ
Femmes adultes de 20 à 75 ans 1,1 mg / jour ou 0,1 mg/MJ
 Hommes ou Femmes de plus de 75 ans 1,2 mg / jour ou 0,1 mg/MJ
Femmes enceintes 1,8 mg / jour ou 0,1 mg/MJ
Femmes allaitantes 1,8 mg / jour ou 0,1 mg/MJ

( source ANSES- rapport d’expertise collective 2021- VIDAL -2014)

Les bienfaits de la vitamine B1 en micronutriton

La vitamine B1 est bénéfique pour la santé de plusieurs manières en micronutrition. Voici quelques-uns des principaux bienfaits associés à un apport adéquat en thiamine.

Le soutien au métabolisme énergétique

L’un des rôles les plus importants de la thiamine est de soutenir le métabolisme énergétique. Elle aide à convertir les glucides en énergie utilisable, ce qui est crucial pour maintenir la vitalité et les niveaux d’énergie au quotidien. Cette conversion est particulièrement importante pour les sportifs et les personnes ayant des activités physiques intenses, car elle permet une meilleure performance et une récupération plus rapide.

L’amélioration des fonctions cognitives et nerveuses

La vitamine B1 est essentielle pour le bon fonctionnement du système nerveux. Elle participe à la synthèse de l’acétylcholine, un neurotransmetteur impliqué dans la mémoire et l’apprentissage. Un apport adéquat en thiamine peut améliorer les fonctions cognitives et protéger contre certains troubles neurologiques. Des études ont montré que la vitamine B1 pourrait avoir un effet bénéfique sur l’humeur et réduire les symptômes de dépression et d’anxiété.

Un soutien à la santé cardiaque

La thiamine contribue également à la santé cardiaque. Elle aide à maintenir une fonction cardiaque normale en facilitant le métabolisme énergétique du cœur. Une carence en vitamine B1 peut entraîner des troubles cardiaques tels que l’insuffisance cardiaque. En assurant un apport suffisant en thiamine, il est possible de soutenir le fonctionnement optimal du cœur et de prévenir certaines maladies cardiovasculaires.

La protection contre les piqûres de moustiques

Bien que cela ne soit pas scientifiquement prouvé, certaines personnes rapportent que la prise de vitamine B1 peut aider à repousser les moustiques. La thiamine pourrait modifier l’odeur de la peau, la rendant moins attrayante pour les moustiques. Cela peut être un avantage supplémentaire pour les personnes vivant dans des zones où les moustiques sont fréquents.

Les sources alimentaires de vitamine B1 utilisées en micronutrition

Pour bénéficier des bienfaits de la vitamine B1, il est important d’inclure des aliments riches en thiamine dans son alimentation. Voici quelques-unes des meilleures sources de vitamine B1 :

Les céréales complètes et les légumineuses

Les céréales complètes, comme le riz brun, l’avoine et le quinoa, sont d’excellentes sources de thiamine. Les légumineuses, telles que les haricots, les lentilles et les pois chiches, en contiennent également des quantités significatives. Ces aliments sont non seulement riches en thiamine, mais ils fournissent aussi des fibres et d’autres nutriments essentiels.

Les noix et graines

Les noix et les graines, notamment les graines de tournesol et les noix de macadamia, sont riches en vitamine B1. Elles peuvent être consommées en collation ou ajoutées à des plats pour augmenter l’apport en thiamine.

La viande et le poisson

Les viandes maigres, comme le porc et le poulet, ainsi que le poisson, sont d’excellentes sources de thiamine. Le porc, en particulier, est très riche en cette vitamine. Les fruits de mer, comme les huîtres et les moules, contiennent également des quantités appréciables de thiamine.

Les produits laitiers et œufs

Les produits laitiers et les œufs sont d’autres sources de thiamine. Bien que leur teneur en vitamine B1 soit inférieure à celle des autres sources mentionnées, ils contribuent tout de même à l’apport global en thiamine.

Pour conclure sur la vitamine b1 en micronutrition

La vitamine B1, ou thiamine, joue un rôle essentiel dans le maintien de la santé globale. Elle est essentielle pour le métabolisme énergétique, le bon fonctionnement du système nerveux et cardiaque, et pourrait même aider à repousser les moustiques. Pour éviter les carences et profiter de ses nombreux bienfaits, il est important de consommer régulièrement des aliments riches en thiamine, tels que les céréales complètes, les légumineuses, les noix, les graines, la viande, le poisson, les produits laitiers et les œufs. Une alimentation équilibrée et variée est la clé pour assurer un apport suffisant en vitamine B1 et maintenir une bonne santé.