Laëtitia Knopik  Blog diététique-nutrition  Qu’est-ce que la vitamine b6 ? Son intérêt en micronutrition

Qu’est-ce que la vitamine b6 ? Son intérêt en micronutrition

La vitamine B6, aussi appelée pyridoxine, est une vitamine hydrosoluble essentielle au bon fonctionnement de notre organisme. Bien que souvent négligée, elle joue un rôle central dans de nombreux processus biochimiques, notamment dans le métabolisme des acides aminés et la synthèse des neurotransmetteurs. Découvrons ensemble dans ce sujet l’importance de cette vitamine dans le domaine de la micronutrition.

Le rôle essentiel de la vitamine B6 dans le métabolisme

La vitamine b6, sous sa forme active de phosphate de pyridoxal (PLP), est un cofacteur essentiel dans un grand nombre de réactions biochimiques, jouant un rôle central dans le métabolisme des acides aminés, des glucides et des lipides. Le PLP est principalement impliqué dans le métabolisme des acides aminés en facilitant des réactions telles que la transamination, la décarboxylation et la désamination. Ces réactions sont essentielles pour le catabolisme et l’anabolisme des acides aminés, qui sont à la base de la synthèse de nouvelles protéines et de la production d’énergie par l’intermédiaire du cycle de Krebs.

L’une des fonctions les plus importantes du PLP dans le métabolisme des acides aminés est la décarboxylation, une réaction qui transforme des acides aminés en neurotransmetteurs essentiels. Par exemple, la décarboxylation du tryptophane en présence du PLP mène à la formation de sérotonine, un neurotransmetteur impliqué dans la régulation de l’humeur, du sommeil et de l’appétit. De même, la décarboxylation de la tyrosine produit de la dopamine, un neurotransmetteur central dans le système de récompense du cerveau et les fonctions motrices. Enfin, la décarboxylation de l’acide glutamique en présence de PLP génère l’acide gamma-aminobutyrique (GABA), un neurotransmetteur inhibiteur qui joue un rôle dans la réduction de l’excitabilité neuronale.

Outre son rôle dans le métabolisme des acides aminés, la vitamine B6, par l’intermédiaire du PLP, participe à la régulation des voies métaboliques des glucides et des lipides. Dans le métabolisme des glucides, le PLP agit comme cofacteur de la glycogène phosphorylase, l’enzyme responsable de la dégradation du glycogène en glucose-1-phosphate. Cette étape est essentielle pour le maintien de la glycémie, notamment en période de jeûne, où le glucose libéré par cette voie est utilisé comme principale source d’énergie par le cerveau et les muscles.

Dans le cadre de la synthèse de l’hème, le PLP joue un rôle déterminant en catalysant la première étape de la biosynthèse, qui est la condensation de la glycine et du succinyl-CoA pour former de l’acide δ-aminolévulinique (ALA). Cette étape est la première et l’une des plus régulées de la voie de biosynthèse de l’hème, un composant fondamental de l’hémoglobine, la protéine responsable du transport de l’oxygène dans le sang. La vitamine B6, via son rôle dans cette voie, est donc indispensable pour la formation des globules rouges et la prévention de l’anémie.

La vitamine B6 intervient également dans la conversion du tryptophane en niacine (vitamine B3), un processus important pour la production d’énergie cellulaire et le maintien de l’intégrité des membranes cellulaires. Le déficit en vitamine B6 peut perturber cette conversion, conduisant à une accumulation de xanthurenate, un métabolite toxique qui peut avoir des effets néfastes sur les fonctions neurologiques et immunitaires.

En plus de son rôle direct dans le métabolisme, la vitamine b6 influence également la régulation hormonale, en participant à la modulation de l’action des hormones stéroïdes. Le PLP interagit avec les récepteurs des hormones stéroïdes dans le noyau des cellules, modifiant leur capacité à se lier à l’ADN et à réguler l’expression génique. Cela suggère que la vitamine B6 pourrait avoir un effet modulateur sur des processus hormonaux clés, notamment ceux impliqués dans la réponse au stress et la régulation du cycle menstruel.

Les conséquences d’une carence en vitamine B6

Bien que la carence en vitamine B6 soit relativement rare, elle peut avoir des conséquences graves sur la santé. Les premiers signes de déficience peuvent inclure de la fatigue, de l’irritabilité, des troubles de l’humeur et des problèmes de mémoire, tous liés au rôle de la B6 dans la synthèse des neurotransmetteurs.

Une carence plus sévère peut conduire à des conditions médicales graves telles qu’une anémie microcytaire hypochrome, où les globules rouges deviennent plus petits et moins capables de transporter l’oxygène. Cela peut entraîner une fatigue extrême, une faiblesse musculaire, et dans les cas les plus graves, des convulsions. Ces convulsions sont souvent le résultat d’une altération de la synthèse du GABA, un neurotransmetteur inhibiteur majeur dans le cerveau.

Par ailleurs, des symptômes cutanés comme l’eczéma et la dermatite séborrhéique peuvent également se manifester en cas de carence, en raison de la participation de la B6 dans la santé cutanée et le métabolisme des lipides.

Les sources alimentaires de vitamine B6 et les recommandations nutritionnelles

En micronutrition, on note que la vitamine b6 est présente dans une grande variété d’aliments, tant d’origine animale que végétale. Parmi les sources animales, on retrouve le foie (de bœuf, de veau, de porc) comme pour la vitamine b5, les poissons comme le thon et la truite, ainsi que les volailles. Ces aliments contiennent principalement des formes de B6 déjà biologiquement actives, comme le phosphate de pyridoxal.

Du côté des sources végétales, les céréales complètes, les légumineuses, les pommes de terre et les bananes sont particulièrement riches en pyridoxine. Cependant, il est important de noter que la biodisponibilité de la vitamine B6 dans les aliments végétaux est souvent plus faible, en raison de sa liaison avec des glucides qui peuvent limiter son absorption.

Les besoins en vitamine B6 varient selon l’âge, le sexe et les conditions physiologiques telles que la grossesse. Par exemple, les recommandations pour les adultes se situent généralement entre 1,3 et 1,7 mg par jour, tandis que les femmes enceintes ou allaitantes ont des besoins légèrement accrus, de l’ordre de 1,8 mg par jour. Les nourrissons et les jeunes enfants ont des besoins moins élevés, adaptés à leur stade de croissance. Voici le tableau récapitulatif des références nutritionnelles tiré de l’ANSES :

Groupes de population  Références nutritionnelles actualisées pour la vitamine B6 (mg/j)
 Nourrissons de moins de 6 mois AS : 0,1
Nourrissons de 6 mois et plus AS : 0,3
Enfants de 1 à 3 ans BNM : 0,5
RNP : 0,6
LSS : 5
Enfants de 4 à 6 ans BNM : 0,6
RNP : 0,7
LSS : 7
Enfants de 7 à 10 ans BNM : 0,9
RNP : 1,0
LSS : 10
Adolescents de 11 à 14 ans BNM : 1,2
RNP : 1,4
LSS : 15
Adolescents de 15 à 17 ans BNM : 1,5
RNP : 1,7
LSS : 20
Adolescentes de 15 à 17 ans BNM : 1,3
RNP : 1,6
LSS : 20
Hommes de 18 ans et plus BNM : 1,5
RNP : 1,7
LSS : 25
Femmes de 18 ans et plus BNM : 1,3
RNP : 1,6
LSS : 25
Femmes enceintes BNM : 1,5
RNP : 1,8
LSS : 25
Femmes allaitantes BNM : 1,4
RNP : 1,7
LSS : 25

Le tableau ci-dessus présente les groupes de population et les valeurs des références nutritionnelles pour la vitamine B6 en mg/jour. Les colonnes BNM (Besoins Nutritionnels Moyens), RNP (Références Nutritionnelles pour la Population), AS (Apports Satisfaisants), et LSS (Limites Supérieures de Sécurité) sont combinées dans la deuxième colonne pour simplifier la présentation.

Il est également intéressant de souligner que la chaleur peut détruire partiellement la vitamine B6, ce qui signifie que les méthodes de cuisson peuvent influencer la quantité de vitamine disponible dans l’alimentation. Par conséquent, la consommation d’aliments crus ou légèrement cuits peut être préférable pour maximiser l’apport en B6.

Pour conclure sur la vitamine b6

La vitamine B6 est donc un micronutriment indispensable à de nombreuses fonctions corporelles, allant du métabolisme des acides aminés à la synthèse des neurotransmetteurs, en passant par la production de globules rouges. Une carence en cette vitamine peut entraîner des problèmes de santé graves, bien qu’elle soit heureusement rare grâce à sa large présence dans l’alimentation courante.

En micronutrition, il est donc essentiel de veiller à un apport adéquat en vitamine B6 au travers d’un plan alimentaire personnalisé, le tout en consommant une variété d’aliments riches en cette vitamine. Que ce soit par la viande, le poisson, les céréales ou les légumes, intégrer suffisamment de B6 dans son alimentation quotidienne contribue à maintenir une santé optimale, en particulier au niveau du système nerveux et du métabolisme énergétique.