Laëtitia Knopik  Blog diététique-nutrition  Qu’est-ce que la rectocolite hémorragique ? Quelle alimentation adopter ?

Qu’est-ce que la rectocolite hémorragique ? Quelle alimentation adopter ?

La rectocolite hémorragique (RCH) est une maladie inflammatoire chronique de l’intestin qui affecte spécifiquement le côlon et le rectum. Bien que la cause exacte de la RCH demeure inconnue, elle est généralement associée à des facteurs génétiques, environnementaux, et à un dysfonctionnement du système immunitaire. Les patients atteints de cette maladie peuvent connaître des périodes d’inflammation intense, suivies de rémissions. L’un des aspects les plus importants de la gestion de cette maladie réside dans l’alimentation, qui peut influencer la fréquence et la gravité des poussées inflammatoires. Voyons ensemble dans cet article sa définition, ses symptômes et son traitement, la nature de l’alimentation à favoriser.

La rectocolite hémorragique : La définition et les symptômes

La rectocolite hémorragique, également appelée colite ulcéreuse, est une forme de maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) qui se caractérise par une inflammation de la muqueuse du côlon et du rectum. Contrairement à la maladie de Crohn, qui peut affecter n’importe quelle partie du tube digestif, la RCH est limitée au gros intestin.

Les symptômes de la rectocolite hémorragique varient en fonction de la gravité et de l’étendue de l’inflammation. Parmi les manifestations les plus courantes, on trouve :

  • Des diarrhées chroniques et sanglantes : Ce symptôme est l’un des plus caractéristiques de la rectocolite hémorragique. Il se manifeste par des épisodes de diarrhée qui persistent sur une longue période, souvent accompagnés de la présence de sang dans les selles. Cette condition est non seulement débilitante, mais elle s’accompagne également de douleurs abdominales sévères et de crampes, rendant le quotidien des patients très difficile. Ces diarrhées peuvent entraîner une perte importante de liquide, augmentant ainsi le risque de déshydratation ;
  • Un ténesme : Le ténesme est une sensation particulièrement inconfortable qui pousse le patient à ressentir un besoin urgent d’aller à la selle, même lorsque l’intestin est vide. Cette sensation de besoin d’évacuation est souvent accompagnée de douleurs rectales et d’une pression constante dans la région pelvienne, ce qui peut perturber significativement la qualité de vie. Malgré les efforts, l’envie de déféquer persiste, exacerbant l’inconfort du patient ;
  • De la fatigue : La fatigue est un symptôme omniprésent chez les personnes atteintes de rectocolite hémorragique, et elle ne se limite pas aux périodes de poussées inflammatoires. Cette fatigue chronique est souvent liée à l’inflammation persistante, à la perte de sang, à la déshydratation, et à la malabsorption des nutriments essentiels. Elle peut affecter profondément la capacité du patient à effectuer des tâches quotidiennes, influençant négativement son bien-être général ;
  • Une perte de poids : La perte de poids chez les patients atteints de rectocolite hémorragique est fréquemment observée et résulte de plusieurs facteurs combinés. La malabsorption des nutriments due à l’inflammation intestinale chronique est l’un des principaux coupables, car l’intestin ne parvient plus à absorber correctement les vitamines, les minéraux, et les calories nécessaires. De plus, les douleurs abdominales constantes et la diarrhée peuvent réduire l’appétit, conduisant à une diminution de l’apport alimentaire. Cette perte de poids involontaire peut, à long terme, entraîner des carences nutritionnelles graves et une dégradation de l’état de santé général du patient.

La RCH peut aussi entraîner des symptômes extra-intestinaux tels que des douleurs articulaires, des inflammations oculaires (uvéites), ou des éruptions cutanées (érythème noueux). Ces manifestations montrent que la RCH est une maladie systémique affectant plus que le seul tractus gastro-intestinal.

Les facteurs déclenchants et protecteurs de la rectocolite hémorragique

La rectocolite hémorragique est une maladie complexe, influencée par un ensemble de facteurs génétiques, immunitaires, et environnementaux. Il existe une prédisposition génétique à cette maladie : les personnes ayant des antécédents familiaux de RCH ou de maladie de Crohn ont un risque accru de la développer. Cependant, les gènes identifiés à ce jour n’expliquent qu’une petite partie des cas, ce qui suggère que d’autres facteurs sont également en jeu.

Les facteurs déclenchants de la RCH

  • Une dysbiose intestinale : Un déséquilibre du microbiote intestinal semble jouer un rôle clé dans la survenue de la RCH. Ce déséquilibre peut être causé par une alimentation déséquilibrée (riche en graisses et en sucres, pauvre en fibres), des infections gastro-intestinales, ou l’utilisation répétée d’antibiotiques ;
  • L’environnement : L’augmentation du nombre de cas de RCH dans les pays en cours d’industrialisation suggère un rôle important des facteurs environnementaux tels que la pollution, le stress, et les habitudes alimentaires ;
  • Le système immunitaire : Le système immunitaire des patients atteints de RCH réagit de manière excessive aux bactéries présentes dans le côlon, entraînant une inflammation chronique de la muqueuse intestinale.

Les facteurs protecteurs de la RCH

  • Le tabagisme : Paradoxalement, le tabagisme actif semble protéger contre la RCH. En revanche, il est un facteur aggravant pour la maladie de Crohn ;
  • L’appendicectomie : Les personnes ayant subi une appendicectomie avant l’âge de 20 ans semblent moins susceptibles de développer une rectocolite hémorragique.

Quel traitement pour la RCH ?

Le traitement de la rectocolite hémorragique est centré sur plusieurs objectifs clés, notamment la gestion des poussées inflammatoires, la prévention des rechutes, et l’amélioration de la qualité de vie des patients. Bien qu’il n’existe pas de cure définitive pour cette maladie chronique, les thérapies disponibles permettent souvent de maintenir la maladie sous contrôle. Les médicaments les plus couramment prescrits sont les dérivés de l’acide aminosalicylique, tels que la mésalazine, qui ont un effet anti-inflammatoire direct sur la muqueuse intestinale. Ces traitements sont souvent administrés par voie orale ou rectale, selon l’étendue de l’inflammation. En cas d’échec de ces premières lignes de traitement, des corticoïdes peuvent être utilisés pour leur action anti-inflammatoire plus puissante, bien que leur usage soit limité dans le temps en raison de leurs effets secondaires potentiellement graves, comme l’ostéoporose.

Lorsque la maladie résiste aux traitements standards ou en cas de dépendance aux corticoïdes, l’utilisation de traitements immunosuppresseurs tels que l’azathioprine ou des biothérapies devient nécessaire. Les biothérapies, notamment les anticorps monoclonaux anti-TNF alpha, tels que l’infliximab et l’adalimumab, sont des traitements qui modulent la réponse immunitaire de l’organisme, réduisant ainsi l’inflammation à long terme. Ces traitements nécessitent un suivi médical étroit pour surveiller l’efficacité et détecter d’éventuels effets indésirables, notamment les infections. D’autres options thérapeutiques incluent des inhibiteurs sélectifs des Janus Kinases (JAK) comme le tofacitinib, utilisés chez les patients dont la maladie reste active malgré les traitements de première ligne.

Dans les cas les plus graves, lorsque les traitements médicamenteux ne parviennent plus à contrôler la maladie ou lorsque des complications telles qu’une hémorragie digestive ou une perforation du côlon surviennent, une intervention chirurgicale peut s’avérer nécessaire. La chirurgie consiste généralement en une colectomie, où une partie ou la totalité du côlon est retirée. Dans certains cas, une coloprotectomie est réalisée, impliquant également l’ablation du rectum. Après la chirurgie, un suivi post-opératoire rigoureux est essentiel pour gérer les complications potentielles, telles que les infections, les inflammations résiduelles, et la gestion de la stomie si nécessaire. L’objectif ultime du traitement est de permettre aux patients de mener une vie aussi normale que possible, en minimisant les symptômes et en prévenant les récidives de la maladie.

Quelle alimentation pour gérer la rectocolite hémorragique ?

L’alimentation joue un rôle déterminant dans la gestion de la rectocolite hémorragique. Bien qu’il n’existe pas de régime universellement reconnu pour prévenir les poussées, certains ajustements alimentaires peuvent aider à atténuer les symptômes et à améliorer la qualité de vie des patients.

L’alimentation pendant les poussées

Pendant les phases aiguës de la maladie, l’alimentation doit être adaptée pour réduire l’inflammation et les symptômes gastro-intestinaux. Voici quelques recommandations à défaut d’un bilan nutritionnel personnalisé :

  • Un régime pauvre en fibres : Les aliments riches en fibres peuvent irriter la muqueuse intestinale et aggraver les symptômes. Il est donc conseillé de privilégier les aliments faciles à digérer, tels que le riz blanc, les pâtes, et les pommes de terre sans peau ;
  • L’hydratation : La diarrhée chronique peut entraîner une déshydratation. Il est donc essentiel de boire suffisamment d’eau et de compenser les pertes en sels minéraux ;
  • Éviter les irritants : Certains aliments peuvent aggraver l’inflammation, notamment les produits laitiers, les épices, l’alcool, et la caféine.

L’alimentation en période de rémission des personnes atteintes de RCH

En dehors des poussées, l’alimentation doit redevenir aussi normale et équilibrée que possible afin d’éviter les carences nutritionnelles. Cependant, il est important de surveiller les réactions individuelles à certains aliments. Voici quelques conseils :

  • Un régime équilibré : Une alimentation variée, riche en fruits, légumes, protéines maigres, et grains entiers est recommandée. Les fibres peuvent être réintroduites progressivement en surveillant les réactions individuelles ;
  • L’usage de probiotiques : Les probiotiques peuvent aider à maintenir un microbiote intestinal sain, ce qui peut réduire le risque de poussées ;
  • La limitation des graisses saturées : Les aliments riches en graisses saturées, tels que la viande rouge et les produits transformés, peuvent aggraver l’inflammation.

Un régime en glucides spécifiques (SCD)

Le régime en glucides spécifiques est une approche diététique conçue pour limiter l’apport en glucides complexes, qui peuvent être particulièrement difficiles à digérer pour les personnes souffrant de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, telles que la rectocolite hémorragique (RCH). Les glucides complexes notamment utilisés en course à pied, présents dans des aliments comme les céréales, les légumineuses, et certains produits laitiers, nécessitent une digestion plus longue et peuvent fermenter dans l’intestin. Cette fermentation peut entraîner une production excessive de gaz, des ballonnements, et une exacerbation de l’inflammation intestinale. Le SCD vise à réduire cette charge digestive en excluant ces glucides complexes et en favorisant les glucides simples, qui sont plus facilement absorbés par le corps. Les aliments permis dans ce régime comprennent les fruits, les légumes non amylacés, les viandes non transformées, et les noix, qui fournissent des nutriments essentiels tout en minimisant l’irritation intestinale.

Bien que le régime en glucides spécifiques ne soit pas universellement efficace pour tous les patients atteints de RCH, de nombreux témoignages et études de cas suggèrent qu’il peut être bénéfique pour certains. Les partisans de ce régime rapportent souvent une réduction des symptômes, tels que les douleurs abdominales, les diarrhées, et les ballonnements, ce qui pourrait être attribué à la diminution de l’inflammation intestinale. Cependant, il est important de noter que le SCD peut être restrictif et nécessite un suivi rigoureux pour éviter les carences nutritionnelles. En raison de la nature individualisée des réponses au régime, il est recommandé que les patients travaillent en étroite collaboration avec un professionnel de la santé, tel qu’un diététicien spécialisé, pour s’assurer que leur alimentation reste équilibrée et adaptée à leurs besoins spécifiques tout en suivant ce régime.

Pour conclure sur la rectocolite hémorragique

La rectocolite hémorragique est une maladie complexe qui nécessite une prise en charge globale, incluant des traitements médicaux, mais aussi une attention particulière à l’alimentation. Bien qu’aucun régime spécifique ne puisse guérir la RCH, des ajustements des habitudes alimentaires adaptés aux phases de la maladie peuvent aider à atténuer les symptômes et à prolonger les périodes de rémission. Chaque patient doit travailler en étroite collaboration avec son équipe médicale pour élaborer un plan alimentaire personnalisé qui répond à ses besoins individuels. Il est également important de rester informé des dernières recherches et des nouvelles approches dans le traitement de la RCH, car la compréhension de cette maladie continue d’évoluer.