Laëtitia Knopik  Blog diététique-nutrition  Peut-on manger du fromage lorsqu’on a du cholestérol ?

Peut-on manger du fromage lorsqu’on a du cholestérol ?

Le fromage est souvent pointé du doigt en raison de sa teneur en graisses saturées, reconnues pour influencer les taux de cholestérol sanguin. Pourtant, cette idée mérite d’être nuancée : Tous les fromages ne présentent pas les mêmes compositions nutritionnelles, ainsi que je l’aborde notamment dans mon article sur le fromage anti-cholestérol, et certains d’entre eux peuvent même s’intégrer dans une alimentation visant à contrôler le cholestérol.

Le lien entre fromage, graisses saturées et cholestérol

Le lien entre le fromage, les graisses saturées et le cholestérol est complexe, et toutes les graisses saturées n’agissent pas de la même manière sur le cholestérol sanguin. Dans le fromage, les graisses saturées sont présentes aux côtés de composés bioactifs, comme le calcium et certains acides gras spécifiques, qui atténueraient l’impact de ces graisses sur le cholestérol. Par exemple, des études suggèrent que les acides gras à chaîne courte et moyenne, présents dans certains fromages, pourraient avoir un effet moins prononcé sur le cholestérol LDL que les acides gras à chaîne longue, fréquemment rencontrés dans d’autres produits gras d’origine animale. De plus, les phospholipides, présents dans la matière grasse du fromage, interagissent avec la bile intestinale, réduisant ainsi l’absorption des graisses dans l’intestin.

Le fromage contient également du calcium, un minéral qui pourrait jouer un rôle de modération dans l’absorption des graisses et des acides gras saturés. Le calcium forme des savons calciques avec les acides gras saturés dans l’intestin, ce qui réduit leur absorption et, par conséquent, leur impact sur les niveaux de cholestérol LDL. De plus, le calcium contribue à améliorer le profil lipidique en favorisant une meilleure excrétion des graisses par voie fécale. Ces propriétés rendent l’effet des graisses saturées du fromage sur le cholestérol plus complexe et moins impactant que celui des graisses saturées provenant d’autres sources comme la viande rouge ou le beurre.

Enfin, la fermentation du fromage pourrait influencer son effet sur la santé cardiovasculaire et les fromages fermentés, tels que le camembert, le roquefort ou le fromage bleu, contiennent des ferments lactiques bénéfiques pour le microbiote intestinal. Ces probiotiques jouent un rôle dans la gestion du cholestérol en influençant le métabolisme lipidique, réduisant la réabsorption de certaines graisses et modulant l’inflammation, un facteur clé des maladies cardiovasculaires. Le processus de fermentation modifie également la composition en acides gras du fromage, réduisant le risque associé aux graisses saturées. En intégrant ces éléments, les fromages fermentés, consommés de manière modérée, peuvent faire partie d’un régime équilibré visant à contrôler le cholestérol.

brie

Le brie, comme on le voit plus loin (et dans la modération), est un fromage ayant des intérêts nutritionnels

Les choix de fromages pour un régime pauvre en graisses saturées

Les choix de fromages peuvent avoir un impact significatif sur la gestion des graisses saturées et, par conséquent, sur les niveaux de cholestérol. Les fromages frais et non affinés, comme la ricotta, le fromage blanc et le cottage cheese, sont souvent préférables pour un régime pauvre en graisses saturées. En plus d’être faibles en matières grasses, ils sont riches en protéines et contiennent moins de sel et de graisses saturées que les fromages à pâte dure. Les fromages de chèvre et de brebis frais, notamment, sont aussi une bonne alternative pour limiter la charge en graisses saturées tout en fournissant du calcium et des vitamines.

En revanche, les fromages affinés, notamment les fromages à pâte dure comme le parmesan, le comté ou le gruyère, bien qu’ils soient des sources de calcium et de protéines, doivent être consommés avec modération en raison de leur teneur élevée en graisses. Ces types de fromages concentrent plus de matières grasses, car leur affinage les rend plus denses. Cela ne signifie pas qu’ils sont à exclure, mais il est préférable de les intégrer occasionnellement et en petites portions pour bénéficier de leurs qualités nutritionnelles sans impact significatif sur le cholestérol.

Voici un tableau récapitulatif des fromages et de leurs caractéristiques en termes de teneur en graisses saturées pour aider à orienter un choix plus adapté à un régime contrôlé en cholestérol :

Fromage  Caractéristiques (faible en graisses saturées, riche en protéines, etc.)
Ricotta Faible en graisses saturées, riche en protéines
  Fromage blanc Très faible en graisses, idéal pour un régime pauvre en matières grasses
Cottage cheese Faible en matières grasses, riche en protéines
Faisselle Faible en graisses saturées, bon apport en calcium
Chèvre frais Faible en graisses saturées, plus digestible
Brebis frais Riche en calcium, faible en graisses saturées
Mozzarella Modérément gras, mais faible en graisses saturées
Feta Modéré en graisses, bon apport en calcium
Parmesan Riche en graisses saturées, à consommer en petites quantités
Gruyère Riche en calcium, modéré en graisses saturées
Comté Riche en matières grasses, à consommer en petites portions
Roquefort Modéré en matières grasses, riche en saveurs
Camembert Modéré en graisses, source de protéines et calcium
Brie Modérément gras, source de protéines

Les choix indiqués dans ce tableau permettent de concilier le plaisir du fromage avec une prise en compte des besoins nutritionnels, en particulier pour ceux qui souhaitent surveiller leur cholestérol. L’accompagnement d’un diététicien peut aider à adapter ces choix en fonction de l’ensemble du régime alimentaire et des besoins individuels.

L’importance des portions et de la modération dans la prise de fromages

L’importance des portions et de la modération dans la prise de fromages est ici importante pour gérer le cholestérol de manière efficace. Le fromage, bien qu’il soit une source riche en calcium et en protéines, peut rapidement devenir une source importante de graisses saturées si les portions ne sont pas contrôlées. Ainsi, pour tirer parti de ses bienfaits tout en minimisant les risques pour la santé cardiovasculaire, il est conseillé de limiter sa consommation à environ 30 grammes par jour, l’équivalent d’une petite portion. Ce dosage permet de profiter des nutriments essentiels, tels que les vitamines A et B12, sans pour autant excéder l’apport en graisses saturées recommandé quotidiennement.

Associer le fromage à des aliments riches en fibres, comme des légumes crus ou cuits, est une stratégie intéressante pour limiter l’absorption des graisses saturées et optimiser l’équilibre nutritionnel. Les fibres alimentaires favorisent une meilleure digestion et ralentissent l’absorption des lipides dans l’intestin, aidant à stabiliser les niveaux de cholestérol. Ce mariage entre fromage et fibres dans un même repas permet de concilier le plaisir gustatif avec des choix diététiques plus sains. Dans ce contexte, le rôle de votre diététicienne est d’orienter vers les meilleures associations alimentaires et de recommander les quantités adaptées au profil de chaque individu, pour faire du fromage un aliment plaisir sans compromettre la santé.

Quels bienfaits nutritionnels apportent certains fromages ?

Les fromages offrent bien plus que des graisses saturées : Certains apportent des nutriments essentiels et des probiotiques bénéfiques pour la santé intestinale. Les fromages à pâte molle, comme le camembert, le roquefort et le brie, contiennent des ferments vivants qui enrichissent le microbiote intestinal. Ce dernier, essentiel pour de nombreuses fonctions métaboliques, joue un rôle indirect mais significatif dans la régulation du cholestérol en optimisant la digestion et l’absorption des nutriments. Une flore intestinale équilibrée contribue également à la réduction de l’inflammation systémique, ce qui est bénéfique pour la santé cardiovasculaire.

En plus des probiotiques, certains fromages fournissent des vitamines et minéraux essentiels, comme le calcium, qui est important pour la santé osseuse, et des protéines complètes, qui soutiennent la régénération musculaire et cellulaire. Les vitamines A et B12 présentes dans des fromages comme le cheddar, la mozzarella et la ricotta participent à la santé immunitaire et au bon fonctionnement du système nerveux. Une consommation raisonnée de ces fromages permet donc de profiter de ces bienfaits tout en gérant l’apport lipidique pour un équilibre nutritionnel optimal.

Intégrer le fromage dans une alimentation équilibrée

Pour les personnes soucieuses de leur cholestérol, il est possible d’adopter une approche diététique globale en incorporant des sources de graisses insaturées, comme les poissons gras, l’huile d’olive et les noix, qui aident à équilibrer l’apport lipidique. Un régime riche en fibres, en fruits, en légumes et en céréales complètes constitue également un excellent moyen de stabiliser le cholestérol. Ainsi, loin d’être interdit, le fromage peut être apprécié avec modération dans le cadre d’une alimentation variée, respectant les besoins et les préférences de chacun.

Ainsi donc, le fromage n’est pas à bannir pour les personnes avec un taux de cholestérol élevé, tant qu’il est consommé de façon raisonnable et en tenant compte des autres sources alimentaires. La modération et le choix de produits frais et peu transformés permettent de savourer le fromage tout en veillant à sa santé cardiovasculaire.