Laëtitia Knopik  Blog diététique-nutrition  Que sont les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) ?

Que sont les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) ?

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) regroupent deux principales pathologies : la maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH). Ces maladies touchent principalement le système digestif, en provoquant une inflammation persistante. Bien que leur cause exacte reste inconnue, ces affections sont liées à une combinaison complexe de facteurs génétiques, immunitaires et environnementaux. Dans cet article, j’explore avec vous en profondeur ce que sont les MICI, leurs symptômes, les options de traitement disponibles, et comment elles impactent la vie des patients.

Comprendre les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin

Ainsi que je l’évoque en introduction, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin regroupent des affections inflammatoires affectant principalement le tractus gastro-intestinal, avec une évolution chronique et récurrente. Parmi elles, la maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH) sont les deux formes les plus représentatives, chacune se distinguant par sa localisation et sa présentation clinique. La maladie de Crohn est caractérisée par une inflammation segmentaire, pouvant atteindre n’importe quelle portion du tube digestif, de la cavité buccale à l’anus. Cependant, elle présente une prédilection pour l’iléon terminal et le côlon. Cette inflammation est souvent transmurale, impliquant l’ensemble des couches de la paroi intestinale, ce qui peut entraîner des complications graves telles que des fistules, des abcès ou des sténoses.

À l’opposé, la rectocolite hémorragique se limite au côlon et au rectum, avec une inflammation qui débute habituellement au niveau rectal et s’étend de manière continue vers le côlon. Contrairement à la maladie de Crohn, l’inflammation dans la RCH est principalement confinée à la muqueuse et la sous-muqueuse, bien que des formes sévères puissent présenter une atteinte plus profonde.

L’étiologie des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin reste en grande partie inconnue, bien que les recherches actuelles pointent vers une interaction complexe entre des facteurs génétiques, environnementaux et immunologiques. Il est largement admis qu’une dérégulation du système immunitaire intestinal est au cœur de la pathogénèse. Cette dérégulation se manifeste par une réponse immunitaire excessive et inappropriée contre des composants normaux du microbiote intestinal ou contre des antigènes alimentaires. Les cellules immunitaires, en particulier les lymphocytes T, jouent un rôle central dans cette réponse, avec une production accrue de cytokines pro-inflammatoires telles que le TNF-α, l’IL-12 et l’IL-23. Cette cascade inflammatoire conduit à une destruction progressive de la muqueuse intestinale et à l’installation de lésions chroniques.

La susceptibilité génétique aux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin a été largement étudiée, avec la mise en évidence de plusieurs polymorphismes génétiques associés à un risque accru de développer la maladie. Parmi ces polymorphismes, ceux affectant le gène NOD2/CARD15 sont particulièrement notables dans la maladie de Crohn. Ces mutations altèrent la capacité des cellules immunitaires à reconnaître et à répondre correctement aux bactéries intestinales, facilitant ainsi l’installation d’une inflammation chronique. D’autres gènes, tels que ceux codant pour les récepteurs des cytokines ou les protéines impliquées dans la régulation de la barrière épithéliale, ont également été identifiés comme des contributeurs potentiels.

Les symptômes des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin sont hétérogènes et varient considérablement d’un individu à l’autre, en fonction de l’étendue et de la localisation de la maladie. La douleur abdominale, souvent décrite comme spasmodique, est un symptôme prédominant, résultant de l’inflammation et de la contraction des segments intestinaux touchés. La diarrhée chronique est un autre symptôme cardinal, pouvant être sévère et accompagnée de rectorragies, en particulier dans la RCH où les ulcérations muqueuses sont fréquentes. Ces épisodes diarrhéiques peuvent être liés à une malabsorption, à une perte de surface d’absorption due à l’inflammation, ou encore à l’irritation directe de la muqueuse intestinale.

La fatigue intense observée chez les patients atteints de MICI est multifactorielle. Elle peut résulter d’une anémie due à des pertes sanguines chroniques ou à une malabsorption de micronutriments essentiels comme le fer ou la vitamine B12. Elle peut également être la conséquence de l’inflammation systémique et des effets secondaires des traitements immunosuppresseurs. Par ailleurs, les MICI se caractérisent par un déroulement par poussées, avec des phases de recrudescence des symptômes suivies de périodes de rémission où les symptômes sont atténués, voire absents. Cette alternance est imprévisible et peut être influencée par divers facteurs, incluant le stress, les infections, et l’observance thérapeutique.

Enfin, il est important de noter que les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ne se limitent pas au tractus gastro-intestinal. Elles peuvent également avoir des manifestations systémiques, touchant d’autres organes et systèmes. Des manifestations extra-intestinales telles que l’arthrite périphérique, l’uvéite, ou les éruptions cutanées comme l’érythème noueux sont fréquentes, reflétant l’implication systémique de la réponse immunitaire anormale qui sous-tend ces maladies. Ces manifestations ajoutent une complexité supplémentaire à la gestion des MICI, nécessitant souvent une approche multidisciplinaire pour assurer une prise en charge globale des patient-e-s.

Les impacts des MICI sur la vie quotidienne

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ont un impact significatif sur la qualité de vie des patient-e-s. En raison de la nature imprévisible des poussées, les personnes atteintes de ces maladies doivent souvent ajuster leurs activités quotidiennes en fonction de leur état de santé. La fatigue chronique et les douleurs abdominales constantes peuvent limiter les capacités physiques et mentales, affectant ainsi la vie professionnelle et sociale des patients.

Les symptômes extra-intestinaux, tels que les douleurs articulaires, les problèmes oculaires ou cutanés, ajoutent également une couche de complexité à la gestion de la maladie. Ces manifestations peuvent être présentes dans environ 25 % des cas et sont souvent liées à la réponse immunitaire exacerbée qui caractérise les MICI.

Sur le plan émotionnel, vivre avec une maladie chronique peut entraîner de l’anxiété et de la dépression. Le stress lié à l’incertitude des symptômes et les complications possibles, comme la nécessité de subir une intervention chirurgicale ou le risque accru de cancer colorectal, peuvent également peser lourdement sur le moral des patients.

Les traitements disponibles et les avancées de la recherche

Bien qu’il n’existe pas de remède définitif pour les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, divers traitements permettent de contrôler les symptômes et d’améliorer la qualité de vie des patients. Le traitement de base comprend généralement des médicaments anti-inflammatoires, comme les aminosalicylates, qui sont souvent utilisés pour la RCH, ou des corticostéroïdes pour les cas plus sévères.

Les immunosuppresseurs, tels que l’azathioprine ou le méthotrexate, sont utilisés pour réduire l’activité du système immunitaire et prévenir les poussées. Plus récemment, les thérapies biologiques, qui ciblent des molécules spécifiques du système immunitaire (comme le TNF-alpha), se sont révélées très efficaces, notamment pour les patients qui ne répondent pas aux traitements classiques.

En parallèle, la recherche continue d’explorer de nouvelles pistes thérapeutiques et des études récentes mettent l’accent sur la compréhension du microbiote intestinal et son rôle dans l’inflammation chronique. Certaines recherches se concentrent sur l’utilisation de probiotiques ou de modifications du régime alimentaire pour rétablir un équilibre microbien bénéfique.

Il est également à noter que la surveillance régulière est essentielle pour prévenir les complications graves. Des examens réguliers, comme la coloscopie, sont nécessaires pour détecter précocement les signes de cancer colorectal, qui est un risque associé aux MICI à long terme.

Comment votre diététicienne peut vous accompagner dans la gestion d’un MICI ?

En tant que diététicienne nutritionniste sur Lille, Arras et le bassin minier (Rouvroy-Lens-Douai), je vous accompagne dans la gestion de votre maladie inflammatoire chronique de l’intestin en adaptant votre alimentation pour minimiser les symptômes et améliorer votre qualité de vie. Chaque personne étant unique, je commence par évaluer votre état nutritionnel global et identifie les éventuelles carences en vitamines et minéraux, souvent présentes chez les personnes atteintes de MICI. Sur cette base, j’élabore un plan alimentaire personnalisé qui vise à éviter les aliments susceptibles de déclencher des poussées inflammatoires tout en garantissant un apport optimal en nutriments essentiels. Par exemple, si vous présentez une intolérance au lactose ou au gluten, nous travaillons ensemble pour ajuster votre alimentation afin de réduire l’impact de ces sensibilités sur votre santé digestive.

Je vous soutiens également dans l’intégration de stratégies pratiques pour mieux gérer les symptômes au quotidien. Cela inclut des conseils sur la fréquence de vos repas, la texture des aliments, ou encore des recommandations pour éviter les aliments gras ou épicés, qui peuvent exacerber les symptômes. Ensemble, nous identifions les déclencheurs alimentaires spécifiques à votre condition, afin de prévenir les crises et de stabiliser la maladie. Mon objectif est de vous fournir les outils nécessaires pour que vous puissiez reprendre le contrôle de votre alimentation, tout en maintenant un mode de vie équilibré et sain.

Pour conclure le sujet sur les MICI

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin sont des affections complexes qui nécessitent une prise en charge médicale continue et une adaptation quotidienne des patients à leurs symptômes. Bien que la cause exacte des MICI reste à élucider, les avancées dans la compréhension de l’immunologie et du microbiote intestinal offrent des perspectives encourageantes pour le futur. Les traitements actuels permettent, dans la majorité des cas, de contrôler les symptômes et de maintenir une qualité de vie satisfaisante. Pour les patients, vivre avec une maladie inflammatoire chroniques de l’intestin signifie souvent apprendre à gérer les poussées, à écouter son corps et à adapter son mode de vie en conséquence. Cependant, grâce aux progrès de la médecine et à un suivi médical rigoureux accompagné de conseils diététiques, il est possible de vivre une vie pleine et épanouissante malgré cette maladie.