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Qu’est-ce que l’hypoglycémie ? Définition

L’hypoglycémie est une condition médicale qui peut survenir chez les personnes atteintes de diabète, ainsi que chez celles sans diabète dans certaines circonstances. Il s’agit d’une baisse du taux de glucose dans le sang, qui peut provoquer une série de symptômes potentiellement dangereux. dans ce sujet, j’explore avec vous ce qu’est l’hypoglycémie, ses causes, ses symptômes, et les moyens de la prévenir et de la traiter.

Comprendre l’hypoglycémie : La définition

L’hypoglycémie, ou « hypoglycæmie » en français, se définit comme un taux de glucose dans le sang inférieur à 0,7 g/L (ou 70 mg/dL). Cette valeur est largement acceptée comme le seuil en dessous duquel les symptômes cliniques de l’hypoglycémie commencent à se manifester. Le glucose, une forme de sucre, est la principale source d’énergie pour le corps humain, en particulier pour le cerveau, qui dépend presque exclusivement de ce carburant pour fonctionner correctement. Lorsque la concentration de glucose dans le sang chute en dessous de ce seuil critique, le corps réagit en déclenchant une série de mécanismes physiologiques pour tenter de rétablir une glycémie normale.

Pour comprendre l’impact de l’hypoglycémie, il est important de situer cette condition par rapport aux niveaux normaux de glycémie et à l’hyperglycémie. La glycémie normale, c’est-à-dire le taux de glucose dans le sang en dehors de toute pathologie, se situe généralement entre 0,7 et 1,1 g/L (70 à 110 mg/dL) à jeun. Ce maintien précis de la glycémie est essentiel pour le fonctionnement optimal du corps, en particulier du cerveau, des muscles et d’autres organes vitaux. Un excès de glucose dans le sang, connu sous le nom d’hyperglycémie, se produit lorsque la glycémie dépasse 1,1 g/L (110 mg/dL) à jeun. Cette condition est fréquemment observée chez les personnes atteintes de diabète non contrôlé et peut entraîner des complications graves si elle persiste.

En situation normale, le corps possède plusieurs mécanismes de régulation pour maintenir la glycémie dans cette plage étroite. Après un repas, les niveaux de glucose augmentent, stimulant la libération d’insuline par le pancréas. L’insuline aide à faire pénétrer le glucose dans les cellules, où il est utilisé pour produire de l’énergie. Lorsque la glycémie baisse, notamment entre les repas ou pendant le jeûne, le pancréas réduit la sécrétion d’insuline et libère du glucagon, une autre hormone qui stimule la libération de glucose stocké par le foie.

Cependant, lorsque ces mécanismes sont dysfonctionnels ou lorsque des facteurs externes interfèrent, la glycémie peut chuter à des niveaux anormalement bas, provoquant une hypoglycémie. Les symptômes de l’hypoglycémie se répartissent en deux grandes catégories : les symptômes neuroglycopéniques et les symptômes adrénergiques.

Les symptômes neuroglycopéniques surviennent lorsque le cerveau est privé de glucose, ce qui est critique puisque le cerveau ne peut pas utiliser les acides gras comme source d’énergie alternative. Les signes incluent des maux de tête, une vision floue, de la fatigue, des difficultés à se concentrer, de la confusion, et dans les cas graves, des convulsions, voire une perte de conscience. Ces symptômes reflètent la gravité de l’état hypoglycémique, car ils signalent une altération directe de la fonction cérébrale.

Les symptômes adrénergiques, quant à eux, sont le résultat de la réponse du système nerveux sympathique à la baisse de la glycémie. Ce système libère des hormones de stress comme l’adrénaline pour stimuler une augmentation rapide du glucose sanguin. Cette réponse provoque des palpitations, des tremblements, de la nervosité, une sensation de faim intense et de la sueur froide. Ces symptômes sont généralement les premiers à apparaître et servent de signal d’alarme au corps pour déclencher la recherche de nourriture et ainsi éviter que la situation ne se détériore davantage.

Il est important de noter que la capacité à percevoir ces symptômes peut diminuer avec le temps chez certaines personnes, en particulier chez les diabétiques qui connaissent des épisodes fréquents d’hypoglycémie. Cette condition, appelée « hypoglycémie asymptomatique » ou « hypoglycémie non perçue », est dangereuse car elle prive l’individu des signes avant-coureurs de l’hypoglycémie, augmentant ainsi le risque de complications sévères.

Les causes de l’hypoglycémie chez les patients

L’hypoglycémie est une complication métabolique qui peut survenir dans diverses situations cliniques, et ses causes varient en fonction de la présence ou non de diabète chez le patient. Comprendre les mécanismes sous-jacents qui entraînent une chute anormale de la glycémie est essentiel pour une gestion efficace et la prévention des épisodes récurrents.

L’hypoglycémie chez les patients diabétiques

L’hypoglycémie est particulièrement fréquente chez les patients diabétiques, en raison des traitements utilisés pour contrôler la glycémie. Les causes principales incluent :

  1. L’administration excessive d’insuline : L’insuline, hormone clé dans la régulation du glucose sanguin, est souvent administrée en quantités précises pour abaisser la glycémie chez les patients diabétiques. Cependant, un dosage excessif, que ce soit accidentel ou dû à une mauvaise évaluation des besoins, peut rapidement entraîner une hypoglycémie. Par exemple, une injection d’insuline avant un repas qui est ensuite retardé ou omis peut provoquer une chute brutale de la glycémie, car l’insuline continue de favoriser l’absorption du glucose par les cellules sans apport glucidique suffisant pour compenser ;
  2. L’utilisation de sulfonylurées et de glinides : Ces classes de médicaments antidiabétiques stimulent la libération d’insuline par le pancréas. Leur action prolongée ou une dose inappropriée peut entraîner une production excessive d’insuline, dépassant les besoins réels en glucose, surtout en cas de consommation alimentaire insuffisante ou d’une activité physique intense non compensée par une ingestion supplémentaire de glucides ;
  3. L’exercice physique intense : L’activité physique augmente l’utilisation du glucose par les muscles, réduisant ainsi les niveaux de glucose disponibles dans le sang. Chez les patients diabétiques, qui prennent des médicaments abaissant la glycémie, un exercice physique non compensé par une augmentation de l’apport glucidique ou un ajustement des doses de médicaments peut conduire à une hypoglycémie ;
  4. La consommation d’alcool : L’alcool inhibe la néoglucogenèse hépatique, un processus par lequel le foie génère du glucose pendant les périodes de jeûne ou d’effort prolongé. Chez les personnes diabétiques prenant des médicaments pour abaisser leur glycémie, l’alcool peut ainsi augmenter le risque d’hypoglycémie, en particulier s’il est consommé sans nourriture ou après une période prolongée de jeûne.
alcool

Chez les personnes diabétiques, l’alcool peut engendrer, dans certains cas, un phénomène d’hypoglycémie

L’hypoglycémie chez les patients non diabétiques

Bien que l’hypoglycémie soit principalement associée au diabète, elle peut également se manifester chez les patients non diabétiques. Les mécanismes sont souvent plus complexes et liés à des conditions médicales sous-jacentes qui perturbent l’équilibre normal du glucose.

  1. L’insuffisance rénale : Les reins jouent un rôle dans l’élimination de l’insuline et d’autres médicaments hypoglycémiants. En cas d’insuffisance rénale, cette élimination est retardée, ce qui peut prolonger l’action de ces médicaments et augmenter le risque d’hypoglycémie. De plus, l’insuffisance rénale peut perturber la néoglucogenèse, réduisant ainsi la capacité du corps à produire du glucose en réponse à une baisse de la glycémie ;
  2. Les maladies hépatiques : Le foie est l’organe principal de la production de glucose via la néoglucogenèse et la glycogénolyse. Les maladies hépatiques, telles que la cirrhose ou l’hépatite sévère, peuvent entraver ces processus, conduisant à une hypoglycémie, surtout en période de jeûne ou de stress métabolique accru ;
  3. Les tumeurs productrices d’insuline (insulinomes) : Les insulinomes sont des tumeurs rares des cellules bêta du pancréas qui sécrètent de l’insuline de manière autonome, indépendamment des niveaux de glucose sanguin. Cela conduit à une production excessive d’insuline, provoquant une hypoglycémie récurrente, souvent sévère, qui nécessite une intervention chirurgicale pour enlever la tumeur :
  4. Une déficience hormonale : Des hormones comme le cortisol, l’adrénaline, et l’hormone de croissance jouent un rôle dans la régulation du glucose. La déficience en cortisol (comme dans la maladie d’Addison) ou en hormone de croissance (souvent chez les enfants) réduit la capacité du corps à maintenir une glycémie normale, particulièrement en période de stress ou de jeûne prolongé ;
  5. Des troubles métaboliques héréditaires : Certains troubles génétiques, tels que les glycogénoses, altèrent la capacité du corps à décomposer ou stocker le glucose efficacement. Par exemple, dans la glycogénose de type I (maladie de Von Gierke), une enzyme déficiente empêche la libération de glucose à partir du glycogène, conduisant à une hypoglycémie sévère, en particulier pendant le jeûne. De tels troubles nécessitent une gestion diététique rigoureuse pour prévenir les baisses dangereuses de la glycémie.

L’hypoglycémie iatrogène et autres causes rares

Dans certains cas, l’hypoglycémie peut résulter d’interventions médicales ou d’actions délibérées.

  1. Les erreurs médicales : L’administration accidentelle de médicaments hypoglycémiants à des personnes non diabétiques, comme une erreur de prescription ou de dosage, peut provoquer une hypoglycémie. Par exemple, une confusion entre des médicaments oraux hypoglycémiants et d’autres médicaments peut avoir des conséquences graves si elle n’est pas rapidement corrigée ;
  2. L’utilisation clandestine d’insuline : Certaines personnes peuvent délibérément s’injecter de l’insuline dans le cadre de troubles psychiatriques, tels que le trouble factice ou la simulation. Cette utilisation inappropriée entraîne une hypoglycémie sévère, difficile à diagnostiquer sans un historique médical complet et des tests spécifiques ;
  3. L’hypoglycémie auto-immune : Dans de rares cas, des anticorps contre l’insuline ou contre ses récepteurs peuvent se former, provoquant des épisodes d’hypoglycémie. Ces situations, bien que rares, nécessitent une approche diagnostique et thérapeutique spécialisée pour gérer les fluctuations imprévisibles de la glycémie.

La prévention, l’alimentation et le traitement de l’hypoglycémie

La gestion de l’hypoglycémie repose sur une approche multidisciplinaire qui intègre la prévention, l’alimentation, et des interventions thérapeutiques appropriées. Ces stratégies sont essentielles non seulement pour les personnes diabétiques, mais aussi pour celles atteintes d’autres conditions médicales pouvant entraîner des épisodes d’hypoglycémie. Une compréhension approfondie de ces aspects permet de minimiser les risques et d’améliorer la qualité de vie des patients.

La prévention de l’hypoglycémie

La prévention de l’hypoglycémie commence par l’éducation des patients, en particulier ceux atteints de diabète. La capacité à reconnaître les signes avant-coureurs d’une baisse de la glycémie est utile pour prévenir les complications graves. Les patients doivent être formés à identifier les symptômes précoces, tels que les tremblements, la sueur froide, la nervosité, et la sensation de faim intense, qui sont des indicateurs d’une hypoglycémie imminente.

L’auto-surveillance de la glycémie joue un rôle central dans la prévention. Les dispositifs de mesure continue du glucose (CGM) permettent une surveillance en temps réel des niveaux de glucose, avertissant les patients des variations anormales avant qu’elles ne deviennent critiques. Ces dispositifs sont particulièrement utiles pour les diabétiques de type 1 qui utilisent des pompes à insuline, car ils permettent des ajustements rapides de l’administration d’insuline, réduisant ainsi le risque d’hypoglycémie.

En plus de la surveillance technologique, un suivi régulier avec un professionnel de la santé est recommandé. Ces consultations permettent de réviser le plan de traitement, d’ajuster les doses de médicaments, et de discuter de tout changement dans le mode de vie du patient, tel que l’activité physique ou la gestion du stress, qui pourrait influencer les niveaux de glycémie.

L’alimentation et la prévention nutritionnelle pour lutter contre hypoglycémie

L’alimentation est un pilier fondamental dans la gestion et la prévention de l’hypoglycémie. Pour les patients diabétiques, il est fondamental de maintenir une alimentation équilibrée qui assure un apport constant en glucides. Les repas réguliers, espacés de manière à éviter de longues périodes de jeûne, sont essentiels pour maintenir des niveaux de glucose stables. Les collations riches en glucides complexes, tels que les céréales complètes, les légumineuses et les légumes, peuvent aider à prévenir les baisses soudaines de la glycémie.

L’importance d’un bilan nutritionnel ne peut être sous-estimée, surtout pour les patients ayant des antécédents d’hypoglycémie récurrente. Ce bilan permet d’évaluer les habitudes alimentaires du patient, d’identifier les carences potentielles, et de recommander des ajustements pour optimiser la régulation de la glycémie. Par exemple, les patients doivent être conscients des effets des glucides rapides (comme les sucreries et les boissons sucrées) qui provoquent des pics glycémiques suivis de chutes rapides, exacerbant ainsi le risque d’hypoglycémie.

Pour les patients non diabétiques, en particulier ceux souffrant de troubles métaboliques ou de maladies chroniques, un suivi diététique personnalisé est également nécessaire. Les ajustements alimentaires peuvent inclure l’augmentation de la fréquence des repas, la réduction de l’apport en glucides simples, et l’inclusion de sources de protéines et de graisses saines pour prolonger la libération de glucose dans le sang. De plus, dans certains cas, l’ajout de suppléments nutritionnels peut être nécessaire pour combler les besoins énergétiques spécifiques et prévenir l’hypoglycémie.

hypoglycémie et manque de sucre

Hypoglycémie et manque de sucre (ou saccharose)

Le traitement de l’hypoglycémie

Lorsqu’un épisode d’hypoglycémie survient, il est vital d’agir rapidement pour corriger la baisse de glycémie. La première étape consiste à mesurer le taux de glucose sanguin à l’aide d’un glucomètre. Si la glycémie est inférieure à 0,7 g/L (70 mg/dL), il est recommandé de consommer immédiatement 15 à 20 grammes de glucides rapides. Cela peut inclure du glucose sous forme de comprimés ou de gel, du jus de fruits, des bonbons, ou une cuillère à soupe de miel ou de sucre. Ces sources de glucides sont rapidement absorbées, ce qui permet une remontée rapide de la glycémie.

Après la consommation initiale de glucides, il est important d’attendre environ 15 minutes, puis de vérifier à nouveau la glycémie. Si les niveaux ne sont pas revenus à la normale, une deuxième dose de glucides doit être prise. Ce processus peut être répété jusqu’à ce que la glycémie soit stabilisée.

Dans les cas où l’hypoglycémie est sévère et que le patient est inconscient ou incapable de consommer des glucides par voie orale, l’administration de glucagon est nécessaire. Le glucagon, une hormone qui stimule la libération de glucose stocké dans le foie, peut être administré par injection ou par voie intranasale pour rétablir rapidement la glycémie. Il est essentiel que les proches et les soignants soient formés à l’utilisation de ces kits de glucagon pour intervenir en cas d’urgence.

Pour les patients non diabétiques, le traitement de l’hypoglycémie implique de traiter la cause sous-jacente. Par exemple, dans le cas d’une tumeur productrice d’insuline (insulinome), une intervention chirurgicale peut être nécessaire pour enlever la tumeur. Pour les patients atteints de maladies endocriniennes, comme l’insuffisance surrénalienne, le traitement peut inclure une thérapie hormonale pour corriger les déséquilibres qui provoquent l’hypoglycémie.

L’importance d’une approche intégrée

La gestion de l’hypoglycémie ne peut se limiter à des interventions isolées ; elle nécessite une approche intégrée qui inclut la prévention, une alimentation appropriée, et un traitement rapide des épisodes aigus. Pour les patients diabétiques, cela signifie une surveillance constante de la glycémie, des ajustements nutritionnels, et une connaissance approfondie des facteurs pouvant déclencher des épisodes hypoglycémiques. Pour les patients non diabétiques, un diagnostic précis et une prise en charge personnalisée sont essentiels pour prévenir les récidives.

Un bilan nutritionnel régulier, réalisé par votre diététicienne nutritionniste, peut aider à identifier les lacunes dans l’alimentation qui pourraient contribuer à des fluctuations glycémiques. Ce bilan permet également d’ajuster les plans alimentaires en fonction des besoins individuels, notamment en tenant compte des activités physiques, des traitements médicamenteux, et des conditions médicales coexistantes.

En conclusion, une gestion efficace de l’hypoglycémie repose sur une combinaison d’éducation, de surveillance continue, et d’une alimentation bien équilibrée, soutenue par une intervention médicale appropriée en cas de besoin. Ces stratégies, lorsqu’elles sont bien mises en œuvre, peuvent non seulement prévenir les épisodes d’hypoglycémie, mais aussi améliorer la qualité de vie des patients en réduisant le risque de complications graves.