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Qu’est-ce qu’une dysbiose intestinale ? Définition

Le microbiote intestinal, également appelé flore intestinale, est ainsi que je l’ai déjà évoqué un écosystème complexe constitué de milliards de micro-organismes, tels que des bactéries, des virus, des champignons, et des parasites. Ce microcosme joue un rôle important dans la digestion, l’immunité, et même dans le bien-être mental. Lorsque cet équilibre délicat est perturbé, une condition appelée dysbiose intestinale peut se développer, entraînant divers symptômes et troubles de santé. Dans cet article, j’explore avec vous les causes, les symptômes, et les moyens de prévenir ou de traiter cette perturbation intestinale.

Les causes de la dysbiose intestinale

La dysbiose intestinale se produit lorsque la composition et la diversité des micro-organismes dans l’intestin sont altérées. Plusieurs facteurs peuvent entraîner ce déséquilibre, notamment :

  • L’utilisation d’antibiotiques : Bien que nécessaires pour traiter efficacement de nombreuses infections bactériennes, les antibiotiques ont un impact non négligeable sur l’écosystème microbien de l’intestin. Leur mécanisme d’action, visant à éradiquer les bactéries pathogènes, n’est pas toujours sélectif, et il en résulte souvent une destruction simultanée de certaines bactéries bénéfiques du microbiote intestinal. Cette perte de diversité microbienne est l’un des premiers facteurs de déséquilibre, car elle crée un vide écologique dans lequel des bactéries opportunistes ou pathogènes peuvent se développer. Les antibiotiques à large spectre, qui ciblent un large éventail de bactéries, sont particulièrement impliqués dans ce phénomène. Ils perturbent la composition du microbiote en réduisant des groupes bactériens essentiels, comme les Firmicutes et les Bacteroidetes, qui jouent un rôle primordial dans la fermentation des fibres alimentaires et la production d’acides gras à chaîne courte (AGCC), éléments clés pour le maintien de la santé intestinale. Une utilisation répétée ou prolongée de ces médicaments peut donc conduire à une dysbiose chronique, marquée par une diminution de la diversité microbienne et une augmentation de la vulnérabilité à des infections comme celles provoquées par Clostridium difficile. De plus, le phénomène de résistance aux antibiotiques contribue à l’aggravation de la dysbiose. Les bactéries résistantes qui survivent à ces traitements peuvent proliférer de manière incontrôlée, perturbant davantage l’équilibre intestinal. Les études montrent également que la modification du microbiote induite par les antibiotiques peut persister plusieurs mois, voire des années, augmentant ainsi le risque de maladies chroniques telles que les troubles inflammatoires de l’intestin ou même certaines maladies métaboliques ;
  • Une alimentation inappropriée : L’alimentation joue un rôle déterminant dans la santé intestinale et la composition du microbiote. Un régime alimentaire déséquilibré, riche en sucres raffinés, en graisses saturées et en aliments ultra-transformés, peut déclencher une cascade de réponses inflammatoires dans l’intestin. Ces aliments modifient la perméabilité intestinale, souvent appelée “leaky gut“, en altérant la barrière de mucus protectrice qui recouvre la paroi intestinale. Cette perméabilité accrue permet aux toxines et aux bactéries pathogènes de pénétrer plus facilement dans la circulation sanguine, provoquant ainsi une inflammation systémique de bas grade. Par ailleurs, une alimentation carencée en fibres, en particulier les fibres prébiotiques qui nourrissent les bactéries bénéfiques comme les Bifidobacterium et les Lactobacillus, peut entraîner une baisse de la production d’AGCC. Ces acides gras, tels que le butyrate, jouent un rôle anti-inflammatoire et contribuent à la régénération des cellules de la muqueuse intestinale. Une carence en AGCC affaiblit la défense naturelle de l’intestin et favorise l’expansion de bactéries pathogènes. Les régimes alimentaires riches en graisses saturées favorisent également la prolifération de bactéries lipophiles associées à des maladies métaboliques et inflammatoires. Des études ont montré que les personnes adoptant un régime typique de type occidental, avec un excès de graisses et de sucres, présentaient une composition microbienne altérée, caractérisée par une diminution des bactéries bénéfiques et une augmentation des espèces inflammatoires comme les Proteobacteria. Ce déséquilibre est à l’origine d’une inflammation chronique qui peut conduire à des pathologies telles que l’obésité, le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires ;
  • Le stress et le mode de vie sédentaire : Le stress chronique est un facteur de dysbiose intestinale souvent sous-estimé. L’axe cerveau-intestin, une voie bidirectionnelle entre le système nerveux central et le système nerveux entérique, joue un rôle clé dans la régulation du microbiote. Lorsque le corps est soumis à un stress prolongé, le système nerveux autonome stimule la libération de médiateurs de stress tels que le cortisol, ce qui perturbe l’équilibre microbien. Ces perturbations peuvent altérer la motilité intestinale, modifier la composition du microbiote et augmenter la perméabilité de la barrière intestinale. Le stress chronique favorise également une surproduction de cytokines pro-inflammatoires, qui affectent directement la composition et la diversité du microbiote. Cela peut entraîner une réduction des espèces bénéfiques comme les Lactobacillus et les Bifidobacterium, tout en favorisant la croissance de pathogènes opportunistes tels que Escherichia coli ou Clostridium. De plus, un mode de vie sédentaire réduit la motilité intestinale, ce qui ralentit le transit et favorise la surcroissance bactérienne dans l’intestin grêle, un phénomène connu sous le nom de SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth). Le manque d’activité physique a également un effet négatif sur la diversité bactérienne, réduisant la richesse en espèces bénéfiques et exacerbant les déséquilibres déjà présents ;
  • L’abus d’alcool et le tabagisme : L’abus d’alcool et le tabagisme sont deux facteurs majeurs de perturbation du microbiote intestinal. L’alcool, en particulier lorsqu’il est consommé en excès, altère la composition de la flore intestinale en augmentant la perméabilité intestinale. Cette condition, souvent désignée par le terme “intestin perméable”, permet aux bactéries pathogènes et aux endotoxines de passer dans la circulation sanguine, provoquant une réponse inflammatoire systémique. L’alcool est également toxique pour certaines souches bénéfiques du microbiote, telles que Bifidobacterium, ce qui renforce encore le déséquilibre microbien. Le tabagisme, quant à lui, est associé à une réduction de la diversité bactérienne dans l’intestin. Les substances toxiques contenues dans la fumée de cigarette perturbent non seulement la flore buccale, mais également le microbiote intestinal. Les fumeurs présentent souvent une augmentation de certaines bactéries pro-inflammatoires telles que Firmicutes, ainsi qu’une diminution des espèces bénéfiques comme les Bacteroidetes. Cette altération de la composition microbienne est un facteur de risque pour des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, comme la maladie de Crohn. De plus, ces deux substances affectent la production de mucus, une couche protectrice essentielle pour l’intégrité de la barrière intestinale. Un affaiblissement de cette barrière permet aux pathogènes d’adhérer plus facilement à la paroi intestinale, augmentant le risque d’infections et d’inflammations. L’abus d’alcool et le tabagisme sont donc des facteurs majeurs qui, en combinant leurs effets toxiques sur la barrière intestinale et sur le microbiote, aggravent les risques de dysbiose et de complications associées.

En plus de ces causes principales, des conditions médicales préexistantes, telles que la maladie cœliaque, le syndrome de l’intestin irritable, ou les maladies auto-immunes, peuvent prédisposer à une dysbiose.

Les symptômes et effets sur la santé de la dysbiose intestinale

Les symptômes de la dysbiose intestinale varient en fonction de l’individu et du degré de déséquilibre. Les signes les plus courants incluent :

  • Des troubles digestifs : Les troubles digestifs sont souvent les premiers signes d’une dysbiose intestinale. Ballonnements, diarrhées, constipations et flatulences témoignent d’un déséquilibre dans le microbiote, ce qui perturbe la digestion normale des aliments. Ce dysfonctionnement est principalement lié à une altération des bactéries bénéfiques, entraînant une mauvaise absorption des nutriments et la fermentation excessive de certaines substances dans l’intestin. La présence accrue de gaz et les changements dans le transit intestinal reflètent une altération du processus digestif ;
  • La fatigue chronique : La fatigue chronique est un autre symptôme fréquent lié à la dysbiose. Le microbiote intestinal joue un rôle clé dans l’absorption des vitamines et des minéraux nécessaires au métabolisme énergétique, comme la vitamine B12, le fer, et le magnésium. Lorsque le microbiote est déséquilibré, l’assimilation de ces micronutriments peut être réduite, conduisant à une fatigue persistante et à un manque d’énergie. De plus, un microbiote en dysbiose affecte la production de certains neurotransmetteurs impliqués dans la régulation de l’humeur et de la vitalité, aggravant ainsi la sensation d’épuisement ;
  • L’inflammation systémique : L’inflammation systémique est une autre conséquence importante de la dysbiose. Les bactéries pathogènes, en se développant au détriment des bactéries bénéfiques, peuvent activer en permanence le système immunitaire, provoquant une inflammation de bas grade. Cette inflammation, bien qu’invisible dans les premiers temps, se manifeste par des symptômes variés tels que des douleurs articulaires, des maux de tête récurrents, et parfois des affections cutanées comme l’eczéma. Le mécanisme sous-jacent repose sur une activation constante des cellules immunitaires, déclenchée par les toxines libérées par les bactéries pathogènes. Cette inflammation chronique contribue à un terrain favorable à d’autres troubles, comme les maladies cardiovasculaires et les syndromes métaboliques ;
  • L’affaiblissement du système immunitaire : Enfin, le microbiote joue un rôle fondamental dans la modulation du système immunitaire. En cas de dysbiose, la communication entre le microbiote et les cellules immunitaires est perturbée, ce qui affaiblit les défenses naturelles de l’organisme. Ce déséquilibre se traduit par une susceptibilité accrue aux infections, notamment gastro-intestinales et respiratoires, mais aussi à des maladies chroniques auto-immunes. Le microbiote intestinal, en maintenant l’intégrité de la barrière intestinale, empêche normalement le passage de pathogènes dans la circulation sanguine. Un microbiote altéré rend cette barrière plus perméable, facilitant l’invasion microbienne et favorisant une réponse immunitaire inadaptée. Cela crée un terrain propice à la propagation de maladies inflammatoires et dégénératives à long terme.

En l’absence de traitement, la dysbiose intestinale peut être associée à des affections plus graves telles que l’obésité, le syndrome métabolique, et même certains cancers. De plus, elle est souvent liée à des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, comme la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse.

Comment prévenir et traiter la dysbiose intestinale ?

La prévention et le traitement de la dysbiose intestinale reposent sur plusieurs stratégies visant à rétablir l’équilibre du microbiote, nécessitant souvent comme d’autres pathologies un rééquilibrage alimentaire. Voici quelques-unes des approches les plus efficaces :

  • Adopter une alimentation équilibrée : Une alimentation riche en fibres (fruits, légumes, céréales complètes) favorise la croissance des bactéries bénéfiques. En particulier, les prébiotiques (fibres non digestibles qui nourrissent les bonnes bactéries) et les probiotiques (bactéries vivantes présentes dans des aliments fermentés tels que les yaourts, le kéfir, et la choucroute) sont essentiels pour restaurer un microbiote sain ;
  • Limiter les antibiotiques : L’usage d’antibiotiques doit être limité aux situations nécessaires et toujours sous supervision médicale. Si leur utilisation est inévitable, la prise de probiotiques en parallèle peut aider à minimiser leurs effets négatifs sur la flore intestinale ;
  • Réduire le stress : Des techniques de gestion du stress comme la méditation, le yoga, et l’exercice physique régulier peuvent avoir un impact positif sur le microbiote intestinal. De plus, l’activité physique stimule la motilité intestinale et améliore la composition du microbiote ;
  • Hydratation et fibres : Les fibres insolubles et solubles, présentes dans les fruits, légumes, et graines, aident à réguler le transit intestinal. Il est toutefois crucial de les consommer avec une quantité adéquate d’eau, afin d’éviter la constipation ;
  • Ferments lactiques et compléments alimentaires : L’utilisation de compléments probiotiques ou de ferments lactiques peut s’avérer utile pour traiter une dysbiose. Ces produits aident à rétablir la diversité microbienne et à renforcer la barrière intestinale.

En cas de dysbiose sévère, certaines interventions médicales peuvent être envisagées. Par exemple, la bactériothérapie fécale consiste à transplanter le microbiote d’une personne en bonne santé dans le côlon du patient. Cette technique a montré son efficacité, notamment dans le traitement des infections récurrentes à Clostridium difficile.

D’autres traitements innovants, comme la phagothérapie (utilisation de virus pour cibler les bactéries pathogènes spécifiques) sont également explorés pour restaurer un microbiote équilibré sans perturber les bonnes bactéries.