Laëtitia Knopik  Blog diététique-nutrition  Comment diagnostiquer l’endométriose : Étapes, tests et signes à surveiller

Comment diagnostiquer l’endométriose : Étapes, tests et signes à surveiller

L’endométriose est une affection complexe, souvent difficile à diagnostiquer en raison de sa variété de symptômes et de leur similarité avec d’autres troubles gynécologiques. Elle se caractérise par la présence de tissus semblables à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus, entraînant des douleurs pelviennes, des règles abondantes et parfois une infertilité. Comprendre les signes, consulter un professionnel de santé médecin et passer certains examens sont essentiels pour poser un diagnostic avant même de s’intéresser à l’alimentation associée. Dans ce sujet, je vous évoque les étapes du diagnostic que mes patientes ont pu le plus souvent avoir, les tests les plus courants et les signes à surveiller.

Les signes et symptômes de l’endométriose

Les signes de l’endométriose peuvent varier d’une personne à l’autre. Voici les principaux symptômes à surveiller :

  1. Des douleurs pelviennes chroniques : Souvent ressenties de manière aiguë dans le bas-ventre ou le bassin, ces douleurs peuvent être constantes ou se manifester de façon cyclique, généralement plus intenses pendant les règles. Pour certaines, elles s’aggravent également lors de l’ovulation ou même de simples activités quotidiennes, comme la marche. Ces douleurs peuvent rendre difficile la réalisation des tâches de la vie courante et affecter considérablement la qualité de vie ;
  2. Des règles douloureuses (dysménorrhée) : Les douleurs menstruelles associées à l’endométriose sont souvent plus intenses que des crampes classiques, pouvant irradier jusque dans le dos ou les jambes. Ces douleurs peuvent persister plusieurs jours avant, pendant, et parfois même après la période des règles, au point de limiter les activités professionnelles, sociales ou familiales. Dans certains cas, la prise d’antalgiques est insuffisante pour soulager la douleur ;
  3. Des douleurs pendant les rapports sexuels : Souvent ressenties comme une douleur profonde et intense, elles apparaissent surtout lors des rapports avec pénétration. Cette douleur peut être localisée autour du vagin ou plus en profondeur, et persister plusieurs heures après l’acte. Ces symptômes peuvent également générer une appréhension et un stress à l’égard de la sexualité, impactant les relations intimes et l’estime de soi ;
  4. Des troubles urinaires et intestinaux : Ceux-ci incluent une envie fréquente d’uriner, parfois accompagnée de douleurs et de brûlures, même sans infection urinaire. Les douleurs lors des selles, ainsi que des épisodes de constipation, diarrhée ou ballonnements, sont également courants et peuvent être aggravés pendant les règles. Ces symptômes digestifs sont souvent confondus avec d’autres troubles gastro-intestinaux, rendant le diagnostic d’endométriose plus complexe ;
  5. Une infertilité : Pour certaines femmes, l’incapacité à concevoir est le premier signe d’une endométriose, bien qu’elles n’aient pas forcément ressenti de douleurs auparavant. Les tissus endométriosiques peuvent affecter les ovaires, les trompes de Fallope ou l’utérus, créant des adhérences qui compliquent la rencontre des spermatozoïdes et de l’ovule. Le parcours vers un diagnostic d’endométriose est souvent amorcé par des consultations de fertilité ;
  6. De la fatigue chronique et des troubles digestifs : Au-delà des douleurs, l’endométriose provoque des épisodes de fatigue intense et inexplicable, même après une bonne nuit de sommeil. Cette fatigue peut rendre difficile l’accomplissement des tâches quotidiennes et s’accompagner de troubles gastro-intestinaux tels que ballonnements, nausées, ou difficultés à digérer. Cette fatigue chronique a souvent un impact majeur sur la vie personnelle et professionnelle.

Ces symptômes varient en intensité, ce qui rend parfois l’endométriose difficile à identifier sans une évaluation approfondie par un professionnel de la santé.

Les étapes pour diagnostiquer l’endométriose

Ici, il vous fait être prise en charge par le corps médical, en commençant par rencontrer votre médecin traitant et votre gynécologue :

1. La consultation médicale

La première étape pour diagnostiquer l’endométriose commence par une consultation avec un médecin généraliste ou un gynécologue, qui va procéder à une évaluation approfondie des symptômes. Le professionnel de santé posera des questions précises sur les douleurs ressenties, leur intensité, leur localisation et les moments où elles surviennent (pendant les règles, les rapports sexuels, etc.). Une description claire et complète des symptômes est essentielle, car l’endométriose peut se manifester par des douleurs chroniques souvent banalisées. Cette première évaluation sert de base pour décider des examens complémentaires nécessaires pour confirmer ou exclure le diagnostic d’endométriose.

2. L’examen pelvien

Un examen pelvien est souvent pratiqué au cours de la première consultation pour évaluer la région pelvienne. Cet examen consiste en une palpation visant à repérer d’éventuelles masses, kystes ou zones particulièrement douloureuses qui peuvent être associées à l’endométriose. Cependant, les lésions d’endométriose étant parfois localisées en profondeur ou de petite taille, l’examen pelvien peut ne pas toujours permettre de détecter la maladie avec certitude. L’examen sert surtout à orienter vers d’autres examens d’imagerie pour approfondir l’analyse et obtenir un diagnostic plus précis.

3. L’imagerie médicale

L’imagerie médicale est une étape cruciale pour visualiser la présence de lésions :

  • Échographie pelvienne : souvent utilisée comme première étape, elle permet de détecter les kystes ovariens appelés endométriomes, des indicateurs fréquents d’endométriose. Toutefois, cette méthode est limitée car elle ne peut pas toujours identifier les lésions profondes de la maladie ;
  • IRM (Imagerie par résonance magnétique) : L’IRM est plus précise pour examiner les tissus pelviens en profondeur et identifier les lésions plus subtiles ou profondes que l’échographie ne peut pas visualiser. C’est l’un des examens privilégiés pour diagnostiquer l’endométriose, en particulier dans les cas de formes sévères où les lésions peuvent se développer sur les organes voisins.

Ces examens permettent de repérer certaines formes d’endométriose mais ne sont pas toujours conclusifs. L’IRM est cependant une option non invasive et d’une grande précision, surtout lorsque les lésions sont difficiles à localiser par échographie.

passer un IRM

Passer un IRM

4. Laparoscopie : le diagnostic définitif

Pour obtenir un diagnostic formel de l’endométriose, la laparoscopie est considérée comme l’examen de référence. Cette procédure chirurgicale mini-invasive permet une exploration directe de la cavité abdominale et pelvienne. Lors de la laparoscopie, le chirurgien réalise de petites incisions, généralement au niveau de l’ombilic, pour introduire une fine caméra et visualiser les structures internes en temps réel. Cet examen permet de repérer avec précision les lésions endométriosiques, d’évaluer leur profondeur, leur localisation et leur étendue sur les organes. Contrairement aux examens d’imagerie, la laparoscopie permet aussi de différencier les différents types de lésions et d’obtenir des biopsies des tissus suspects, afin de confirmer leur nature.

La laparoscopie est réalisée sous anesthésie générale et, dans certains cas, peut être associée à un traitement thérapeutique : Le chirurgien peut retirer ou cautériser les lésions endométriosiques visibles, ce qui aide à réduire les symptômes douloureux. Cette possibilité d’intervention immédiate sur les tissus affectés fait de la laparoscopie un outil précieux dans le parcours de soins des patientes atteintes d’endométriose. En plus de diagnostiquer précisément la maladie, elle permet de soulager temporairement ou durablement les douleurs en enlevant les adhérences et kystes qui exercent une pression sur les organes voisins.

Bien que la laparoscopie soit très efficace pour le diagnostic et le traitement, elle reste une intervention chirurgicale avec des risques associés, comme toute opération. Par conséquent, elle est généralement réservée aux cas où les symptômes sont invalidants, ou lorsque les examens d’imagerie n’ont pas permis de poser un diagnostic définitif. Une évaluation approfondie est faite pour peser les avantages et les inconvénients de cette intervention, en collaboration avec l’équipe médicale et en tenant compte des objectifs de chaque patiente.

Les tests complémentaires et les analyses

Outre l’imagerie et la laparoscopie, certains tests complémentaires peuvent être réalisés pour affiner le diagnostic et écarter d’autres pathologies qui pourraient provoquer des symptômes similaires. Le médecin peut prescrire des analyses sanguines pour évaluer les marqueurs d’inflammation, comme la CRP (protéine C-réactive), et rechercher d’éventuelles infections ou anomalies hormonales. Dans certains cas, un test sanguin mesurant le CA-125, un marqueur parfois élevé chez les patientes atteintes d’endométriose, peut être effectué. Cependant, bien que ce test puisse fournir des indications, il n’est ni spécifique ni suffisamment fiable pour confirmer à lui seul la présence de la maladie, car le CA-125 peut également être élevé dans d’autres conditions inflammatoires.

La recherche continue à explorer des biomarqueurs plus précis, capables de détecter l’endométriose sans recours systématique à la laparoscopie, ce qui simplifierait le parcours de diagnostic pour de nombreuses patientes. Des études investiguent des marqueurs comme les microARN ou certains peptides dans le sang, l’urine ou même la salive, pour améliorer la détection précoce et éviter des examens invasifs. Cependant, ces techniques ne sont pas encore validées en clinique. Dans l’intervalle, une combinaison d’examens cliniques, d’imageries, et, lorsque nécessaire, de laparoscopie, reste indispensable pour poser un diagnostic précis et orienter les choix thérapeutiques de manière optimale.

Pourquoi un diagnostic précoce est-il important ?

Un diagnostic précoce de l’endométriose est fondamental pour réduire les effets débilitants de la maladie et préserver la qualité de vie. L’endométriose, en l’absence de traitement adéquat, peut entraîner des lésions étendues et causer des douleurs chroniques, impactant profondément le bien-être physique et mental. La progression de la maladie augmente également le risque d’infertilité, en raison des cicatrices et des adhérences qui peuvent se former autour des organes reproducteurs. Une prise en charge rapide permet d’intervenir avant que les lésions ne s’aggravent, réduisant ainsi la douleur et améliorant la santé générale. En tant que diététicienne, mon rôle consiste à soutenir les patientes en élaborant des stratégies nutritionnelles adaptées, qui, en complément des traitements médicaux, peuvent contribuer à atténuer les symptômes.

Outre le soulagement des douleurs chroniques, un suivi précoce permet de conserver au mieux la fertilité, particulièrement crucial pour les femmes qui envisagent de fonder une famille. Des études montrent que certains ajustements alimentaires peuvent réduire l’inflammation, une composante clé de l’endométriose. Par exemple, une alimentation riche en acides gras oméga-3, en fibres et en antioxydants issus de fruits, légumes et graines peut aider à moduler la réponse inflammatoire, contribuant ainsi à atténuer certains symptômes. En tant que professionnelle de la nutrition, j’accompagne les patientes pour adopter un régime alimentaire qui complète les traitements, en sélectionnant des aliments bénéfiques pour la santé reproductive et en minimisant ceux qui pourraient aggraver l’inflammation.

Enfin, un diagnostic précoce et une prise en charge pluridisciplinaire, incluant la nutrition, permettent de réduire le risque de complications liées aux lésions avancées, comme les obstructions intestinales ou les atteintes vésicales. En consultant un professionnel de santé pour une approche globale de la maladie, les patientes peuvent recevoir un suivi nutritionnel individualisé, des conseils pour gérer leur douleur et des stratégies pour maintenir une qualité de vie optimale ainsi que je l’évoquais dans cet article. La nutrition devient ici un outil complémentaire pour mieux vivre avec l’endométriose, permettant de gérer les symptômes et de renforcer la vitalité globale au quotidien.