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Qu’est-ce que le diabète ? Définition & dépistage

Le diabète est une maladie chronique qui se caractérise par un excès de sucre dans le sang, appelé hyperglycémie. Cette condition résulte d’un dysfonctionnement du métabolisme du glucose, souvent en raison d’un défaut de production ou d’utilisation de l’insuline, une hormone essentielle dans la régulation de la glycémie. Il existe plusieurs types de diabète comme on le voit plus loin, les deux principaux étant le diabète de type 1 et le diabète de type 2. Dans cet article, j’explore avec vous la définition du diabète, le rôle de l’insuline, les types de diabète et leur impact croissant sur la population mondiale.

Avant-propos : L’histoire du diabète et quelques chiffres

La découverte du diabète remonte à des millénaires, avec les premières mentions en Chine vers 4000 avant J.C., où il était décrit comme une condition d’urine sucrée. En 1500 avant J.C., le papyrus Ebers en Égypte ancienne fait référence à des symptômes de soif intense et d’amaigrissement, associés à cette maladie. Au fil des siècles, plusieurs civilisations ont noté la présence de sucre dans les urines des patients atteints de diabète, souvent détectée par l’attraction des insectes. Des figures médicales comme Charaka et Sushruta en Inde ont commencé à différencier deux types de diabète basés sur les symptômes et les modes de vie des patients.

Le progrès scientifique a véritablement pris son essor au XIXème siècle avec la confirmation par Joseph von Mering et Oskar Minkowski que le pancréas joue un rôle crucial dans le diabète. Cependant, ce n’est qu’au début du XXe siècle que la découverte révolutionnaire de l’insuline par Frederick Banting et Charles Best en 1921 a transformé le traitement du diabète. Cette découverte a permis la première injection d’insuline en 1922, sauvant ainsi la vie d’un jeune patient diabétique. La commercialisation de l’insuline à partir des pancréas de bovins et de porc a commencé peu après, marquant le début d’un traitement efficace pour cette maladie.

Aujourd’hui, le diabète affecte des millions de personnes à travers le monde. En 2021, environ 537 millions de personnes vivaient avec cette maladie, dont un nombre significatif ignorait leur condition. En France, près de 4 millions de personnes sont diagnostiquées avec le diabète, avec plus d’un million non diagnostiquées. Le diabète continue d’être une maladie chronique majeure avec des complications potentielles graves telles que les maladies cardiovasculaires, la néphropathie et la rétinopathie. Malgré les progrès dans la gestion et le traitement du diabète, la recherche se poursuit pour améliorer la qualité de vie des patients et, espérons-le, découvrir un jour un remède définitif.

Le diabète : définition et rôle de l’insuline

Commençons par une définition du diabète et le rôle de l’insuline dans le corps humain :

Comment définit-on le diabète ?

Le diabète est diagnostiqué lorsque le taux de glucose dans le sang atteint des niveaux anormalement élevés, une condition connue sous le nom d’hyperglycémie. En termes techniques, pour qu’une personne soit diagnostiquée diabétique, il faut que sa glycémie à jeun soit égale ou supérieure à 1,26 g/l (7 mmol/l) lors de deux tests successifs. Cette mesure est essentielle car elle indique la concentration de glucose dans le sang après une période sans alimentation, généralement de 8 à 12 heures. La glycémie, ou taux de sucre dans le sang, est l’un des principaux indicateurs de la santé métabolique et reflète l’efficacité avec laquelle l’organisme gère les sucres consommés par le biais de l’alimentation.

La régulation de la glycémie est un processus complexe qui implique plusieurs systèmes corporels, principalement le système endocrinien et le système digestif. Lorsque l’on consomme des aliments, en particulier ceux riches en glucides, le glucose est absorbé dans le sang depuis le tractus gastro-intestinal. Le pancréas, en réponse à cette augmentation de glucose, sécrète de l’insuline, une hormone essentielle qui permet aux cellules du corps d’absorber le glucose et de l’utiliser comme source d’énergie. Si ce mécanisme de régulation échoue, soit par une insuffisance de production d’insuline ou par une résistance à son action, le glucose reste dans le sang en concentrations élevées, menant à une hyperglycémie persistante et, par conséquent, au diagnostic de diabète. Une régulation adéquate de cette glycémie (y compris pour les sportifs)  est non seulement essentielle pour le fonctionnement normal de l’organisme, mais aussi pour prévenir les complications associées à des niveaux élevés de sucre dans le sang, comme les maladies cardiovasculaires, les neuropathies et les problèmes rénaux.

Le rôle de l’insuline dans la régulation de la glycémie

L’insuline, une hormone polypeptidique sécrétée par les cellules bêta des îlots de Langerhans situés dans le pancréas, est essentielle pour la régulation de la glycémie. Après l’ingestion de nourriture, particulièrement les glucides, les niveaux de glucose dans le sang augmentent, déclenchant la libération d’insuline. Cette hormone se lie aux récepteurs spécifiques situés à la surface des cellules, notamment dans les muscles, le foie et les tissus adipeux, facilitant ainsi l’absorption du glucose. Une fois dans les cellules, le glucose peut être utilisé immédiatement pour la production d’énergie via la glycolyse, ou converti en glycogène par le processus de glycogenèse pour un stockage à court terme dans le foie et les muscles. Dans les adipocytes, le glucose excédentaire est converti en acides gras et stocké sous forme de triglycérides.

Lorsqu’il y a une déficience en insuline, comme dans le diabète de type 1, ou une résistance à l’insuline, comme dans le diabète de type 2, le glucose ne peut pas être efficacement transporté dans les cellules. Cette défaillance conduit à une accumulation de glucose dans le plasma sanguin, résultant en une hyperglycémie. Une glycémie constamment élevée provoque une glycation des protéines corporelles, formation de produits finaux de glycation avancée (AGE), et altère les fonctions biologiques normales des protéines. De plus, l’excès de glucose dans le sang peut provoquer une osmose, attirant de l’eau dans les tubules rénaux et entraînant une polyurie, ce qui peut provoquer une déshydratation et une soif excessive.

Les complications à long terme de l’hyperglycémie non contrôlée sont multiples et sévères. Elles incluent la neuropathie diabétique, où les nerfs sont endommagés par les niveaux élevés de sucre, entraînant des douleurs, une perte de sensation et des troubles moteurs. La rétinopathie diabétique est une autre complication fréquente, où les vaisseaux sanguins de la rétine sont endommagés, pouvant mener à la cécité. De plus, la néphropathie diabétique, résultant de dommages aux unités filtrantes des reins (glomérules), peut évoluer vers une insuffisance rénale terminale. Les maladies cardiovasculaires sont également courantes chez les diabétiques en raison de l’athérosclérose accélérée, provoquée par la glycation des lipoprotéines et les niveaux élevés de glucose, augmentant significativement le risque d’infarctus du myocarde et d’accidents vasculaires cérébraux.

stylo à insuline

stylo à insuline

Les types de diabète et leurs causes en détail

On classifie deux types de diabète que voici, avec des causes diverses :

Le diabète de type 1

Le diabète de type 1, également désigné sous le terme de diabète insulinodépendant ou diabète juvénile, est une maladie auto-immune qui survient principalement chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes. Cette forme de diabète représente environ 10 % de l’ensemble des cas de diabète. Elle est caractérisée par une destruction auto-immune des cellules bêta des îlots de Langerhans dans le pancréas. Le système immunitaire, par une erreur de reconnaissance, cible ces cellules productrices d’insuline comme des éléments étrangers, les attaquant et les détruisant progressivement. En l’absence d’insuline, une hormone cruciale pour le métabolisme du glucose, les cellules ne peuvent plus absorber efficacement le glucose, ce qui entraîne une accumulation de sucre dans le sang et une hyperglycémie persistante.

Les patients atteints de diabète de type 1 que j’accompagne dans mes consultations de suivis nutritionnels à Arras, Lille, Rouvroy, Lens, Douai et dans les Haut-de-France doivent recevoir des injections d’insuline exogène de manière continue pour compenser la perte de production naturelle. Cette insulinothérapie peut être administrée par des injections multiples quotidiennes ou via une pompe à insuline, qui délivre l’hormone en continu selon les besoins de l’organisme. La gestion du diabète de type 1 nécessite une surveillance rigoureuse et fréquente de la glycémie pour éviter les épisodes d’hypoglycémie (trop faible taux de glucose dans le sang) et d’hyperglycémie (trop élevé taux de glucose dans le sang). Les patients doivent également adopter une alimentation équilibrée, riche en fibres et pauvre en sucres simples, pour stabiliser les niveaux de glucose et améliorer la réponse à l’insuline.

Les complications à long terme du diabète de type 1 peuvent être sévères si la maladie n’est pas correctement gérée. Une hyperglycémie chronique peut entraîner des complications microvasculaires telles que la rétinopathie diabétique, qui peut conduire à la cécité, et la néphropathie diabétique, qui peut évoluer vers une insuffisance rénale terminale nécessitant une dialyse ou une transplantation rénale. Les complications macrovasculaires incluent l’athérosclérose accélérée, augmentant le risque de maladies cardiovasculaires comme l’infarctus du myocarde et les accidents vasculaires cérébraux. En outre, la neuropathie diabétique, causée par des lésions nerveuses dues à une glycémie élevée, peut entraîner des douleurs, des engourdissements et des problèmes de mobilité. Une gestion stricte de la glycémie, combinée à des soins médicaux réguliers, est essentielle pour minimiser ces risques et maintenir une qualité de vie optimale pour les personnes atteintes de diabète de type 1.

Le diabète de type 2

Le diabète de type 2 est la forme la plus courante de diabète, représentant environ 90 % des cas. Contrairement au diabète de type 1, il se développe généralement de manière progressive chez les adultes de plus de 45 ans. Cependant, l’incidence chez les adolescents et les jeunes adultes est en augmentation, principalement en raison de l’augmentation des taux d’obésité. Le diabète de type 2 est caractérisé par deux anomalies métaboliques principales : une résistance à l’insuline au niveau cellulaire et une insuffisance progressive de la sécrétion d’insuline par les cellules bêta du pancréas. La résistance à l’insuline signifie que les cellules du corps, en particulier celles des muscles, du foie et des tissus adipeux, ne répondent pas efficacement à l’insuline, ce qui entraîne une absorption réduite du glucose sanguin.

Dans les premiers stades du diabète de type 2, le pancréas tente de compenser cette résistance en augmentant la production d’insuline, un état connu sous le nom d’hyperinsulinisme. Cependant, cette compensation n’est pas soutenable à long terme. Avec le temps, les cellules bêta du pancréas s’épuisent et leur capacité à produire de l’insuline diminue. Cette défaillance progressive conduit à une hyperglycémie persistante. La combinaison de l’insulinorésistance et de la diminution de la sécrétion d’insuline caractérise le diabète de type 2. La progression de la maladie est influencée par des facteurs génétiques, le mode de vie, et des comorbidités telles que l’obésité, l’hypertension et la dyslipidémie.

Le traitement du diabète de type 2 nécessite une approche multifactorielle. Les modifications du mode de vie sont fondamentales et incluent une alimentation équilibrée, riche en fibres et faible en sucres simples, ainsi qu’une activité physique régulière à étudier lors d’une consultation diététique. Ces mesures peuvent améliorer la sensibilité à l’insuline et aider à contrôler la glycémie. En complément des changements de mode de vie, des médicaments antidiabétiques oraux tels que la metformine sont souvent prescrits pour améliorer la sensibilité à l’insuline ou augmenter la sécrétion d’insuline. Dans certains cas avancés, où les médicaments oraux ne suffisent plus, l’insulinothérapie peut devenir nécessaire. La gestion efficace du diabète de type 2 vise à prévenir les complications à long terme telles que les maladies cardiovasculaires, la neuropathie, la néphropathie et la rétinopathie, en maintenant une glycémie proche des niveaux normaux et en contrôlant les facteurs de risque associés.

En résumé, voici un tableau synthétique des particularités et risques pour la santé des différents diabètes :

Type de diabète Particularités du diabète diagnostiqué
Diabète de type 1
  • Maladie auto-immune ;
  • Destruction des cellules bêta du pancréas ;
  • Absence de production d’insuline ;
  • Survient principalement chez les enfants, adolescents et jeunes adultes ;
  • Représente environ 10 % des cas de diabète ;
  • Nécessite des injections d’insuline quotidiennes.
Diabète de type 2
  • Résistance à l’insuline ;
  • Insuffisance progressive de la production d’insuline ;
  • Se développe généralement chez les adultes de plus de 45 ans ;
  • Incidence croissante chez les jeunes en raison de l’obésité ;
  • Représente environ 90 % des cas de diabète ;
  • Peut être géré par des modifications du mode de vie, des médicaments et parfois de l’insuline.
Diabète gestationnel
  • Survient pendant la grossesse ;
  • Intolérance au glucose induite par les hormones placentaires ;
  • Peut augmenter le risque de développer un diabète de type 2 plus tard ;
  • Nécessite une surveillance stricte de la glycémie pendant la grossesse ;
  • Généralement réversible après l’accouchement.
Diabète monogénique
  • Causé par des mutations génétiques spécifiques :
  • Inclut le MODY (Maturity Onset Diabetes of the Young) ;
  • Apparaît généralement avant l’âge de 25 ans ;
  • Transmission autosomique dominante ;
  • Peut nécessiter des traitements différents des autres types de diabète.

Pour conclure : Suspecter et dépister un diabète potentiel

Les signes cliniques du diabète peuvent varier en fonction du type de diabète et de la gravité de la maladie. L’un des symptômes les plus communs est une soif excessive et une envie fréquente d’uriner. Cette condition, appelée polyurie-polydipsie, survient lorsque des niveaux élevés de glucose dans le sang dépassent la capacité de réabsorption des reins, entraînant une perte excessive d’eau et de glucose dans les urines. En réponse à cette perte d’eau, le corps augmente la sensation de soif pour compenser la déshydratation.

Un autre signe courant du diabète est une fatigue extrême et une faiblesse. Cette fatigue résulte de l’incapacité des cellules du corps à utiliser efficacement le glucose comme source d’énergie en raison d’une insuffisance ou d’une résistance à l’insuline. En conséquence, malgré une alimentation normale, les patients peuvent éprouver une sensation constante de fatigue et de faiblesse. De plus, une perte de poids inexpliquée peut être observée, surtout dans le cas du diabète de type 1, où le corps commence à décomposer les graisses et les muscles pour obtenir de l’énergie en l’absence de glucose utilisable.

D’autres signes possibles incluent des infections fréquentes, des blessures qui guérissent lentement et des troubles de la vision. Les niveaux élevés de sucre dans le sang créent un environnement propice aux infections bactériennes et fongiques, en particulier au niveau de la peau, des gencives et des voies urinaires. La cicatrisation lente des plaies est due à une altération de la fonction immunitaire et de la circulation sanguine. Les troubles de la vision, tels que la vision floue, sont causés par des fluctuations rapides des niveaux de glucose qui affectent la forme et la flexibilité du cristallin de l’œil, perturbant ainsi la capacité de focalisation. Ces signes, s’ils sont reconnus tôt, peuvent conduire à un diagnostic précoce et à une gestion plus efficace du diabète.

Sur le dépistage et le diagnostic du diabète

Diagnostiquer un diabète potentiel est crucial pour prévenir ses complications à long terme et assurer une gestion efficace de la maladie. Plusieurs tests et critères sont utilisés par les professionnels de santé pour diagnostiquer le diabète.

Voici pour conclure les principales méthodes de dépistage expliquées sous forme de tableau :

Test de dépistage Description
Tests de glycémie à jeun Le test de glycémie à jeun est l’un des plus couramment utilisés. Ce test mesure la concentration de glucose dans le sang après une période de jeûne de 8 à 12 heures. Un taux de glycémie à jeun de 1,26 g/l (7 mmol/l) ou plus, confirmé par deux tests consécutifs, indique un diabète.
Hémoglobine glyquée (HbA1c) Le test de l’hémoglobine glyquée (HbA1c) mesure le pourcentage de glucose fixé à l’hémoglobine dans les globules rouges, reflétant la glycémie moyenne des deux à trois derniers mois. Un résultat de HbA1c égal ou supérieur à 6,5 % est diagnostiqué comme du diabète.
Test de tolérance au glucose oral (OGTT) Le test de tolérance au glucose oral (OGTT) est utilisé pour diagnostiquer le diabète et le prédiabète. Après une nuit de jeûne, le patient boit une solution sucrée contenant 75 grammes de glucose. La glycémie est mesurée à jeun, puis deux heures après ingestion de la solution. Une glycémie égale ou supérieure à 2 g/l (11,1 mmol/l) après deux heures indique un diabète.
Tests aléatoires de glycémie Un test aléatoire de glycémie peut être effectué à tout moment de la journée, indépendamment de l’heure du dernier repas. Un taux de glycémie égal ou supérieur à 2 g/l (11,1 mmol/l), associé à des symptômes classiques du diabète tels que la soif excessive, la polyurie, la fatigue ou la perte de poids inexpliquée, peut confirmer un diagnostic de diabète.

Pensez à vous faire dépister, c’est très important !