Laëtitia Knopik  Blog diététique-nutrition  Qu’est-ce que le bilan lipidique sanguin ? Le comprendre

Qu’est-ce que le bilan lipidique sanguin ? Le comprendre

Le bilan lipidique sanguin est un examen médical important pour évaluer les quantités de lipides dans le sang. Essentiel pour le suivi de nombreux patients, il permet de prévenir ou de traiter des anomalies métaboliques, souvent liées à des maladies chroniques ou à un risque cardiovasculaire accru. En tant que diététicienne nutritionniste, comprendre et expliquer les résultats de ce bilan est fondamental pour adapter les recommandations alimentaires et le suivi de vos patients. Zoom sur le sujet.

La définition du bilan lipidique sanguin

Le bilan lipidique sanguin, également appelé exploration d’une anomalie lipidique (EAL), a pour objectif de mesurer les taux de différents types de lipides dans le sang. Ces lipides, principalement le cholestérol et les triglycérides, jouent un rôle clé dans le métabolisme et la production d’énergie. Cependant, un déséquilibre dans leurs concentrations peut conduire à des problèmes de santé, notamment des maladies cardiovasculaires.

Le cholestérol, une molécule grasse essentielle, est principalement fabriqué par le foie. Il est également apporté par l’alimentation, notamment via des sources riches en graisses saturées, comme les produits laitiers entiers ou la viande rouge. Le bilan lipidique mesure trois composantes du cholestérol :

  1. Le cholestérol total représente la concentration plasmatique de toutes les formes de cholestérol circulant dans le sang. Il inclut les lipoprotéines de haute densité (HDL), les lipoprotéines de basse densité (LDL) et les autres sous-fractions lipoprotéiques telles que les VLDL (very low-density lipoproteins). Bien que le cholestérol soit une molécule essentielle à diverses fonctions biologiques, telles que la synthèse des membranes cellulaires et la production d’hormones stéroïdiennes, un excès de cholestérol total, en particulier sous forme de LDL, peut contribuer à l’athérosclérose. Le suivi du cholestérol total est donc un indicateur global, mais il doit être interprété en conjonction avec les taux de LDL et HDL pour évaluer le risque cardiovasculaire ;
  2. Le LDL-cholestérol (lipoprotéines de basse densité), souvent désigné comme le « mauvais cholestérol », joue un rôle central dans le transport du cholestérol du foie vers les cellules périphériques. Cependant, une élévation chronique du LDL-cholestérol dans le plasma favorise le dépôt de cholestérol dans l’intima des artères, ce qui entraîne la formation de plaques d’athérome. Ces plaques peuvent se calcifier et rétrécir les artères, limitant ainsi le flux sanguin, ou se rompre, provoquant la formation de thrombus. Ce processus est à l’origine de l’athérosclérose, un facteur clé dans le développement des maladies cardiovasculaires telles que l’infarctus du myocarde et les AVC ischémiques. Un taux élevé de LDL est donc un marqueur majeur de risque athérogène ;
  3. Le HDL-cholestérol (lipoprotéines de haute densité), surnommé « bon cholestérol », joue un rôle protecteur dans le métabolisme lipidique en participant au processus de transport inverse du cholestérol. Les HDL captent le cholestérol en excès des tissus périphériques, y compris des parois artérielles, et le ramènent au foie où il sera soit réutilisé, soit excrété dans la bile. Ce mécanisme contribue à la réduction des dépôts lipidiques et donc à la prévention de la progression de l’athérosclérose. Des taux élevés de HDL sont associés à une diminution du risque cardiovasculaire, en raison de leur capacité à limiter l’accumulation de cholestérol LDL dans les artères.

En plus du cholestérol, le bilan lipidique mesure également les triglycérides, un autre type de lipide présent dans le sang. Les triglycérides proviennent principalement de l’alimentation, notamment des sucres et des graisses. Ils sont stockés dans le tissu adipeux et utilisés comme source d’énergie par l’organisme. Un excès de triglycérides peut être lié à une mauvaise alimentation ou à des troubles métaboliques comme le diabète.

Pourquoi est-il important de surveiller son cholestérol et ses triglycérides ?

Surveiller le taux de cholestérol et de triglycérides est essentiel pour prévenir les maladies cardiovasculaires. Un excès de lipides, notamment de LDL-cholestérol et de triglycérides, est souvent associé à des pathologies comme l’athérosclérose, une condition où les artères se durcissent et se rétrécissent en raison de l’accumulation de plaques graisseuses.

Les taux de lipides sanguins recommandés

Les recommandations pour les taux de lipides sanguins varient en fonction du profil de chaque patient, en particulier en fonction de ses facteurs de risque cardiovasculaire. En général, en l’absence de ces risques, les valeurs suivantes sont considérées comme normales :

  • Un taux de cholestérol total inférieur à 2 g/l ;
  • Un taux de LDL-cholestérol inférieur à 1,6 g/l ;
  • Un taux de HDL-cholestérol supérieur à 0,4 g/l ;
  • Un taux de triglycérides inférieur à 1,5 g/l.

Toutefois, ces valeurs peuvent être ajustées selon l’âge, le sexe, le mode de vie et les antécédents médicaux du patient. Chez les personnes ayant des antécédents de maladies cardiovasculaires, comme un accident vasculaire cérébral (AVC) ou une cardiopathie ischémique, des objectifs plus stricts peuvent être fixés.

Mon rôle de diététicienne nutritionniste est alors ici central pour guider le patient dans la modification de ses habitudes alimentaires et de son mode de vie afin d’atteindre ces objectifs.

Les conséquences d’un bilan lipidique anormal

Des résultats anormaux au bilan lipidique peuvent indiquer plusieurs conditions métaboliques, dont l’hypercholestérolémie (taux élevé de cholestérol) qu’il faut faire baisser, l’hypertriglycéridémie (taux élevé de triglycérides), ou encore une dyslipidémie mixte (taux élevés à la fois de cholestérol et de triglycérides). Ces déséquilibres sont souvent des facteurs majeurs de risque pour des maladies cardiovasculaires, notamment :

  • Les cardiopathies ischémiques, telles que l’infarctus du myocarde, sont des affections graves qui se produisent lorsque les artères coronaires, chargées de fournir le sang oxygéné au muscle cardiaque, se rétrécissent ou se bouchent en raison d’un excès de LDL-cholestérol. Cette obstruction limite l’apport de sang au cœur, provoquant une ischémie (manque d’oxygène), ce qui peut entraîner des douleurs thoraciques (angine de poitrine) ou, dans les cas les plus graves, un infarctus du myocarde. Si l’irrigation sanguine n’est pas rapidement rétablie, une partie du muscle cardiaque peut être endommagée de manière irréversible ;
  • Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) résultent d’une réduction ou d’une interruption brusque de l’apport sanguin au cerveau, entraînant la mort des cellules cérébrales privées d’oxygène. Dans le cadre d’une anomalie lipidique, l’AVC ischémique est souvent causé par la formation de plaques d’athérome dans les artères cérébrales. Ces plaques, composées de cholestérol et d’autres lipides, peuvent progressivement rétrécir ou obstruer les vaisseaux, augmentant le risque de rupture des artères ou de formation de caillots. Si un caillot obstrue totalement une artère, une zone du cerveau peut être privée d’oxygène, ce qui entraîne des déficits neurologiques ;
  • Les artériopathies périphériques, dont l’artérite des membres inférieurs, sont des maladies qui touchent les artères périphériques, notamment celles des jambes. Lorsque ces artères se rétrécissent ou se bouchent en raison d’un excès de cholestérol ou de triglycérides, le flux sanguin vers les muscles des membres inférieurs diminue. Cela entraîne des douleurs, surtout lors de la marche (claudication intermittente), en raison du manque d’apport en oxygène aux muscles. Dans les cas avancés, l’insuffisance d’oxygénation peut entraîner des ulcères ou des nécroses tissulaires, augmentant le risque d’amputation si le problème n’est pas traité rapidement.

Par ailleurs, un excès de triglycérides dans le sang, au-delà de ses conséquences cardiovasculaires, peut également être un signe d’autres problèmes de santé comme le diabète, l’obésité ou certaines maladies du foie. Ces maladies métaboliques doivent être prises en charge de manière globale, incluant une alimentation adaptée, une activité physique régulière, et parfois un traitement médicamenteux.

L’aspect du sérum sanguin, observé après le prélèvement, peut aussi être un indicateur. Un sérum normalement clair est signe d’un taux de lipides normal. Un sérum opalescent ou lactescent peut révéler une hypertriglycéridémie sévère, nécessitant une intervention rapide.

Pour conclure sur le bilan lipidique sanguin et sa lecture

Le bilan lipidique sanguin est un outil précieux dans la prévention et la gestion des risques cardiovasculaires. Il permet de déceler des anomalies lipidiques susceptibles de provoquer des complications graves, comme les accidents vasculaires cérébraux ou les infarctus. Pour le patient, comprendre ses résultats et agir en conséquence est essentiel. C’est ici que la collaboration avec un diététicien nutritionniste expérimenté prend tout son sens, afin de mettre en place un plan nutritionnel adapté aux besoins spécifiques de chacun, qu’il s’agisse de diminuer les LDL, d’augmenter les HDL ou de réguler les triglycérides.

Si vous souhaitez en savoir plus sur le lien entre vos analyses sanguines et la nutrition, n’hésitez pas également  à consulter mon article sur le rôle de la nutrition face à des marqueurs spécifiques comme la créatine phosphokinase (CPK) élevée en cas de problèmes musculaires ou métaboliques.