Laëtitia Knopik  Blog diététique-nutrition  Comment bien s’alimenter après un accident vasculaire cérébral (AVC) ?

Comment bien s’alimenter après un accident vasculaire cérébral (AVC) ?

L’alimentation joue un rôle fondamental dans la récupération après un accident vasculaire cérébral (AVC). Après un tel événement, il est essentiel de revoir ses habitudes alimentaires pour non seulement aider à la récupération, mais aussi prévenir tout nouvel AVC. Cet article est un début d’approche pour vous aider dans le choix des aliments à privilégier, ceux à éviter et les meilleures pratiques pour bien s’alimenter après un tel accident.

Avant-propos : Qu’est-ce qu’un AVC ? Une définition

Un accident vasculaire cérébral survient lorsque la circulation sanguine vers une partie du cerveau est interrompue, privant ainsi les cellules cérébrales d’oxygène et de nutriments essentiels. Cela peut se produire soit en raison d’un caillot sanguin qui bloque une artère (AVC ischémique), soit en raison de la rupture d’un vaisseau sanguin (AVC hémorragique). Dans les deux cas, les cellules cérébrales commencent à mourir en quelques minutes, ce qui peut entraîner des dommages neurologiques graves, voire irréversibles, si une intervention médicale rapide n’est pas obtenue.

Les conséquences d’un AVC peuvent varier considérablement en fonction de la zone du cerveau affectée et de la rapidité avec laquelle les soins sont administrés. Les symptômes peuvent inclure une faiblesse ou une paralysie d’un côté du corps, des troubles de la parole, des difficultés à comprendre ou à parler, une vision floue ou double, ainsi qu’une perte soudaine de coordination. La gravité de ces symptômes dépend de l’étendue des lésions cérébrales, et la rééducation peut inclure des thérapies physiques, occupationnelles, et des ajustements alimentaires spécifiques.

L’alimentation, ainsi qu’on le voit plus loin, joue un rôle important dans la prévention et la récupération après un AVC. Certains nutriments, comme le potassium, peuvent notamment aider à réguler la pression artérielle et à réduire le risque de récidive. Pour en savoir plus sur l’intérêt du potassium dans certains régimes, en particulier dans le cadre du régime méditerranéen, je vous invite à consulter mon article qui explore ses bienfaits et son rôle essentiel dans une alimentation équilibrée.

Les aliments à privilégier pour favoriser la récupération

Après un AVC, il est essentiel d’adopter un régime riche en nutriments qui soutient la santé cérébrale et favorise la guérison. Voici les groupes d’aliments à inclure dans votre alimentation quotidienne :

  1. Les fruits et légumes : Les fruits et légumes sont des piliers d’une alimentation saine, particulièrement après un AVC. Riches en antioxydants, vitamines, et minéraux, ces aliments jouent un rôle dans la récupération du cerveau et la réduction des risques de nouveaux accidents. Les légumes verts, tels que les épinards, le brocoli, et le chou kale, sont particulièrement bénéfiques grâce à leur forte concentration en vitamine K, en acide folique, et en fibres. Ces éléments contribuent non seulement à la protection des cellules cérébrales, mais aussi à la réduction de l’inflammation, un facteur clé dans le rétablissement après un accident vasculaire cérébral. Les fruits, quant à eux, apportent des nutriments essentiels qui soutiennent la fonction cognitive et la santé globale du cerveau. Par exemple, les myrtilles et les grenades sont riches en flavonoïdes et en polyphénols, des composés qui ont des propriétés anti-inflammatoires et neuroprotectrices. Ces fruits aident à améliorer la circulation sanguine cérébrale et à réduire le stress oxydatif, un phénomène souvent amplifié après un AVC. Intégrer une variété de fruits et légumes dans chaque repas est une stratégie efficace pour maximiser les apports nutritionnels et soutenir la récupération du cerveau ;
  2. Les poissons gras : Les poissons gras, tels que le saumon, le maquereau et la sardine, sont des sources exceptionnelles d’acides gras oméga-3, en particulier d’EPA et de DHA, qui sont essentiels au bon fonctionnement du cerveau. Ces acides gras favorisent la plasticité cérébrale, un processus par lequel le cerveau se réorganise et établit de nouvelles connexions, un mécanisme vital pour la récupération après un AVC. En plus de soutenir la régénération neuronale, les oméga-3 ont des effets anti-inflammatoires qui peuvent aider à réduire l’inflammation cérébrale, un facteur qui peut aggraver les dommages post-AVC. Consommer du poisson gras dans la semaine permet d’apporter une quantité optimale d’oméga-3, ce qui contribue non seulement à la santé du cerveau, mais aussi à la prévention des maladies cardiovasculaires, souvent liées aux accident vasculaires cérébraux. Le saumon, par exemple, est également riche en vitamine D et en sélénium, des nutriments qui jouent un rôle dans la régulation des fonctions immunitaires et la protection des cellules contre les dommages oxydatifs. Intégrer ces poissons dans l’alimentation permet de soutenir la récupération tout en renforçant la santé globale ;
  3. Les céréales complètes et les légumineuses : Les céréales complètes et les légumineuses sont des éléments fondamentaux d’une alimentation équilibrée après un AVC. Les féculents complets, tels que le riz brun, le quinoa, et l’avoine, ainsi que les légumineuses comme les lentilles, les pois chiches, et les haricots, sont riches en fibres, en vitamines B, et en minéraux tels que le magnésium et le zinc. Ces nutriments sont essentiels pour réguler la glycémie, maintenir une pression artérielle stable, et soutenir la santé cardiovasculaire, tous des facteurs critiques dans la prévention des AVC récurrents. Les fibres, en particulier, jouent un rôle important dans le maintien d’une bonne digestion et dans la gestion du cholestérol, ce qui aide à prévenir l’athérosclérose, une condition qui peut mener à des AVC. Les légumineuses, en plus d’être riches en fibres, sont également une excellente source de protéines végétales, ce qui en fait un substitut sain aux protéines animales, souvent riches en graisses saturées. Intégrer des céréales complètes et des légumineuses dans chaque repas peut contribuer à une meilleure gestion de la glycémie et à la réduction des risques de complications cardiovasculaires ;
  4. Les noix et graines : Les noix et les graines sont des aliments particulièrement bénéfiques pour la récupération après un accident vasculaire cérébral en raison de leur richesse en nutriments essentiels tels que la vitamine E, les acides gras oméga-3, et les antioxydants. La vitamine E est connue pour ses propriétés antioxydantes, qui aident à protéger les cellules cérébrales contre les dommages causés par les radicaux libres. Les noix, comme les amandes et les noix de Grenoble, sont également riches en acides gras oméga-3, qui ont des effets anti-inflammatoires et soutiennent la santé des membranes cellulaires cérébrales. Les graines, telles que celles de lin, de chia, et de tournesol, sont également une excellente source de ces nutriments. Les acides gras oméga-3 contenus dans ces graines favorisent la plasticité cérébrale et peuvent aider à réduire l’inflammation, ce qui est essentiel pour une récupération efficace après un AVC. De plus, les noix et les graines sont des aliments polyvalents qui peuvent être facilement intégrés dans divers repas, que ce soit dans les salades, les yaourts, ou les smoothies, augmentant ainsi l’apport en nutriments essentiels sans effort supplémentaire ;
  5. Les huiles végétales : Les huiles végétales, notamment l’huile d’olive et l’huile de colza, jouent un rôle important dans une alimentation saine après un AVC. Riches en acides gras insaturés, ces huiles sont bénéfiques pour la santé cardiaque et cérébrale. L’huile d’olive, en particulier, est une composante clé du régime méditerranéen, réputé pour ses bienfaits sur la santé cardiovasculaire. Elle contient de l’acide oléique, un acide gras monoinsaturé qui aide à réduire l’inflammation et à améliorer la fonction vasculaire, contribuant ainsi à la prévention des AVC. L’huile de colza, quant à elle, est riche en acide alpha-linolénique (ALA), un acide gras oméga-3 d’origine végétale, qui favorise la santé du cerveau et du cœur. Ces huiles peuvent être utilisées à la fois pour la cuisson et pour assaisonner les plats, offrant une alternative plus saine aux graisses saturées et aux huiles riches en acides gras trans. En intégrant ces huiles dans votre alimentation quotidienne, vous pouvez non seulement améliorer la qualité nutritionnelle de vos repas, mais aussi soutenir activement votre rétablissement après un AVC et réduire le risque de récidive.
tournesol

Certaines huiles, comme l’huile de tournesol sont recommandées

Les aliments à éviter pour prévenir les complications

Certains aliments peuvent entraver la récupération après un AVC et augmenter le risque d’en subir un autre. Voici ceux qu’il est conseillé de limiter ou d’éviter :

  1. Le sel : Le sel est l’un des éléments les plus importants à surveiller après un AVC, car une consommation excessive peut entraîner une élévation de la tension artérielle, qui est le principal facteur de risque des AVC. Le sodium, présent dans le sel, a tendance à retenir l’eau dans l’organisme, ce qui augmente le volume sanguin et exerce une pression supplémentaire sur les parois des artères. Cette pression accrue peut endommager les vaisseaux sanguins, les rendant plus susceptibles de se rompre ou de se boucher, ce qui peut entraîner un AVC. Il est donc utile de limiter la consommation de sel en évitant les aliments transformés qui en sont souvent riches, comme les plats préparés, les soupes en conserve, et les sauces industrielles. Les charcuteries, comme le jambon, le saucisson, et les lardons, sont également des sources importantes de sel et devraient être consommées avec modération. Pour réduire l’utilisation de sel lors de la cuisson, il est conseillé de se tourner vers des alternatives plus saines pour rehausser les saveurs, telles que les herbes aromatiques, les épices, le jus de citron ou le vinaigre balsamique. Faire ces ajustements peut non seulement aider à gérer la tension artérielle, mais aussi à protéger la santé cardiovasculaire globale ;
  2. Les sucres ajoutés : Les sucres ajoutés constituent un autre élément à limiter dans votre alimentation après un AVC. Les aliments riches en sucres ajoutés, tels que les pâtisseries, les boissons sucrées, les confiseries, et de nombreux snacks industriels, peuvent contribuer à une prise de poids excessive, menant à l’obésité et au diabète de type 2. Ces conditions sont toutes deux des facteurs de risque importants pour les AVC, car elles peuvent exacerber les problèmes de tension artérielle, de cholestérol et d’inflammation. En plus de leur effet sur le poids, les sucres ajoutés provoquent des pics de glycémie, qui peuvent entraîner des fluctuations de l’énergie et affecter négativement le métabolisme. Pour réduire ces risques, il est conseillé d’opter pour des alternatives plus naturelles et moins sucrées. Les fruits frais, comme les baies, les pommes et les agrumes, ainsi que les fruits secs non sucrés, comme les abricots et les figues, sont d’excellentes options pour satisfaire les envies de sucre de manière plus saine. Ces fruits apportent également des fibres, des vitamines et des antioxydants qui sont bénéfiques pour la santé cérébrale et générale, soutenant ainsi la récupération après un AVC ;
  3. Les graisses saturées et trans : Les graisses saturées et trans sont parmi les éléments les plus néfastes de l’alimentation, en particulier après un AVC, car elles sont directement liées à une augmentation du taux de cholestérol LDL, souvent appelé “mauvais” cholestérol. Ce type de cholestérol peut s’accumuler dans les artères, formant des plaques qui réduisent ou bloquent la circulation sanguine, augmentant ainsi le risque de maladies cardiovasculaires et d’accident vasculaire cérébral. Les graisses saturées se trouvent principalement dans les viandes grasses, comme le bœuf et l’agneau, ainsi que dans les produits laitiers riches en matières grasses, tels que le beurre, la crème, et certains fromages. Les graisses trans, quant à elles, sont souvent présentes dans les aliments transformés, comme les pâtisseries industrielles, les biscuits, les margarines hydrogénées, et les aliments frits. Ces graisses artificielles sont particulièrement dangereuses car elles non seulement augmentent le cholestérol LDL, mais réduisent également le cholestérol HDL, ou “bon” cholestérol, créant ainsi un double impact négatif sur la santé cardiovasculaire ;
  4. L’alcool : C’est un facteur de risque significatif pour les AVC, principalement en raison de son impact sur la pression artérielle. Une consommation excessive d’alcool peut entraîner une hypertension, ce qui est l’un des plus grands facteurs de risque pour les AVC. En effet, l’alcool, lorsqu’il est consommé en grandes quantités, peut non seulement augmenter la pression artérielle, mais aussi provoquer des irrégularités du rythme cardiaque et contribuer à l’accumulation de plaques dans les artères, ce qui accroît le risque de caillots sanguins. Pour celles et ceux qui choisissent de consommer de l’alcool après un AVC, il est essentiel de le faire avec modération. Les recommandations générales suggèrent de ne pas dépasser un verre par jour pour les femmes et deux verres par jour pour les hommes, en privilégiant le vin rouge pour ses polyphénols bénéfiques, tels que le resvératrol. Ce composé a des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires qui peuvent offrir une certaine protection cardiovasculaire. Cependant, il est important de consulter un médecin pour déterminer si la consommation d’alcool est sûre dans votre cas spécifique, car même en petites quantités, l’alcool peut interférer avec les médicaments et exacerber certains problèmes de santé existants.

Pour conclure : Comment organiser ses repas pour une meilleure récupération

Bien s’alimenter après un accident vasculaire cérébral est essentiel pour favoriser la récupération, prévenir les complications et réduire le risque de récidive. Outre le choix des aliments, la manière dont vous organisez vos repas peut jouer un rôle important  dans votre rétablissement. Il est recommandé de fractionner vos repas en plusieurs petites portions tout au long de la journée plutôt que de consommer de gros repas. Cette approche aide à mieux gérer la glycémie et à éviter les pics de tension artérielle, tout en facilitant la digestion. Prenez le temps de manger lentement et de bien mastiquer vos aliments. Cela permet non seulement une meilleure digestion, mais aussi un meilleur contrôle des portions, tout en réduisant le risque de complications liées aux troubles de la déglutition, qui sont fréquents après un AVC.

L’hydratation joue également un rôle clé dans votre récupération et il est essentiel de boire suffisamment d’eau tout au long de la journée pour assurer le bon fonctionnement de votre cerveau et de votre corps. Privilégiez l’eau et limitez les boissons sucrées ainsi que la caféine.

Enfin, il est important d’adapter vos repas à vos capacités. Si vous rencontrez des difficultés à avaler ou à mâcher, optez pour des textures adaptées, comme les purées, les soupes, ou les aliments bien cuits. Pour vous assurer que votre alimentation est à la fois sécurisée et nutritive, il est fortement recommandé de consulter votre diététicienne nutritionniste. Nous pourrons établir un plan alimentaire personnalisé, effectuer un bilan nutritionnel et assurer un suivi régulier, afin que votre alimentation soutienne efficacement votre rétablissement et votre bien-être général.

En intégrant des fruits, des légumes, des poissons gras, des céréales complètes et des huiles végétales dans votre alimentation quotidienne, tout en limitant la consommation de sel, de sucres ajoutés, de graisses saturées et d’alcool, vous optimisez votre santé cérébrale et cardiovasculaire. N’oubliez pas que chaque repas est en quelque sorte une opportunité de prendre soin de vous et de renforcer votre santé.